Reshad De Gerus : « Une incroyable opportunité »
Par Emmanuel Rolland | Le 13/11/2024 | Actu | News | Passion auto / moto | Sports mécaniques
Reshad De Gerus gravit les échelons en Endurance. Après avoir fait ses preuves en LMP2, il a fait ses premiers tours de roues dans la catégorie grâce à Toyota, champion en titre. Interview.
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Sélectionné pour participer au Rookie Test du championnat du monde d’endurance WEC ce dimanche, sur le circuit de Bahreïn, le Réunionnais Reshad De Gerus a eu l’opportunité d’effectuer ses premiers pas sur une voiture Hypercar, au volant de la Toyota titrée la veille.
Reshad, vous avez été sélectionné pour ces tests en tant que débutant, au volant de la voiture sacrée championne la veille. Vous aviez une préférence [Porsche et Toyota étaient en lutte pour le titre constructeurs, finalement revenu à l’équipe japonaise, ndlr] ?
La Toyota était ma préférence à la base, pour une raison simple : j’ai eu la chance de pouvoir faire du simulateur avec eux avant ces tests. Ils ont eu la bienveillance de m’accueillir dans leur usine de Cologne afin de préparer cette journée, ce qui était vraiment très sympa de leur part puisqu’ils ne savaient pas si j’allais effectivement rouler pour eux ou pas à Bahreïn. Au final, le championnat a été serré jusqu’à la fin de la dernière course, Toyota a gagné le titre constructeurs, et j’ai pu faire mes débuts en Hypercar avec eux, je n’aurais pas pu rêver mieux.
Cela aurait été plus compliqué si vous aviez dû sauter dans la Porsche, finalement…
Porsche n’a pas eu l’opportunité de préparer les choses avec moi, ce que je comprends totalement. Je suis arrivé assez tôt à Bahreïn, j’ai suivi toute la course de l’intérieur là-bas avec les ingénieurs Porsche pour faire un point, car le pilotage d’une Hypercar est beaucoup plus complexe que ce que je connais en LMP2. C’est une véritable usine à gaz, et c’est compliqué de monter dans la voiture sans un minimum de préparation. Les conditions du test voulaient que l’équipe avait l’obligation de me faire faire trente tours, pas forcément plus, c’était donc difficile de tout assimiler en si peu de temps.
Avez-vous suivi un tableau de marche défini lors de cette journée avec Toyota ?
En fait oui, avec les deux équipes, nous avions déjà établi un plan avant le dimanche. Il s’agissait vraiment d’une prise en main de la voiture, c’était nouveau pour moi, avec beaucoup de systèmes à apprendre, beaucoup de paramètres techniques, c’est très particulier. On peut dire que, après la F1, l’Hypercar est la catégorie la plus technique du sport automobile. C’était donc une super expérience, et j’ai énormément appris durant ce week-end.
Quelles étaient les sensations dans la voiture par rapport au LMP2, que vous pratiquez jusqu’ici ?
C’est complètement différent, cela n’a rien à voir. La voiture est plus lourde que ce que je connais, elle a plus de puissance, et il faut davantage ralentir la voiture dans les virages lents pour bien la positionner et obtenir un maximum de puissance à la réaccélération, c’est une approche différente. Et il faut assimiler toutes les données techniques, et notamment savoir assimiler un le fonctionnement du système hybride. Je dirais que, par rapport au LMP2, la concentration est multipliée par deux quand on est au volant d’une Hypercar. Heureusement, il y a eu des séances de simulateur, qui a été une bonne préparation à la journée du dimanche.
Comment vous êtes-vous adapté à toutes ces nouveautés ?
L’adaptation s’est bien passée, je pense que l’équipe a été contente de ce que j’ai fait. Je pense que ce sera bénéfique pour la suite. Niveau physique, ce n’est pas forcément plus difficile, c’est juste différent. Avoir roulé avec la meilleure voiture du plateau reste une super opportunité.
Après ce test en Hypercar, quels sont vos plans pour 2025 ?
Pour l’an prochain, les plans s’orientent vers le LMP2 et les 24 Heures du Mans. Dans le même temps, j’aimerais pousser pour intégrer un programme d’usine en tant que pilote junior en Hypercar dans un futur proche. Je me suis rendu compte que gérer ces voitures nécessitait énormément de travail avec les ingénieurs, il y a beaucoup de technique et beaucoup de systèmes qui sont spécifiques à cette catégorie, et c’est bien de s’y préparer en amont. Le fait d’avoir été sélectionné pour ce test était déjà une chance incroyable, qui montre que le travail effectué ces dernières années n’est pas passé inaperçu. On verra ce que l’avenir nous réserve, mais beaucoup de projets intéressants peuvent se présenter à l’avenir.
Un mot sur votre saison en European Le Mans Series… quel bilan tirez-vous de 2024 ?
Notre saison en ELMS a été assez frustrante. Nous étions en position de jouer le titre à deux courses de la fin, mais nous n’avons marqué aucun point sur les deux dernières courses, et nous terminons finalement sixièmes du championnat. Nous avons été victimes d’aléas de course, nous ne pouvions pas faire grand-chose. La plus grande satisfaction reste tout de même le podium aux 24 Heures du Mans avec IDEC Sport, le premier de l’équipe après huit ou neuf participations à la course, ça fait vraiment plaisir.
Et sur le plan personnel, vous avez tout de même gagné en maturité et en expérience ?
Effectivement oui, sur le plan personnel en revanche, je suis content de ma progression par rapport à l’année dernière, je me suis amélioré sur les objectifs que je m’étais fixé. J’ai fait de belles courses, et j’ai beaucoup travaillé avec l’équipe, j’ai fait une belle découverte avec l’équipe IDEC cette saison, avec également mon team manager Nicolas Minassian, ancien pilote d’endurance avec Peugeot notamment, qui m’a véritablement pris sous son aile, et qui m’a appris ce que je devais savoir.
Vous avez également gagne en maturité sur le plan technique également…
Au niveau technique, je me sens effectivement un pilote plus complet qu’il y a deux ans. J’ai des connaissances techniques qui me permettent désormais d’être plus rapide dans mes retours avec les ingénieurs. C’est un très gros atout, surtout dans l’optique de devenir un jour pilote pour un constructeur. Pour arriver à ce niveau, il ne suffit pas d’aller vite, il faut être un peu ingénieur. J’ai également décroché le trophée récompensant la meilleure moyenne aux 24 Heures du Mans… il y a plein de choses positives à retenir de cette saison. Mais il faut continuer à travailler, l’an prochain sera une grosse saison, il faudra continuer à prouver ma valeur et confirmer ma place parmi les meilleurs pilotes de LMP2 si je veux intégrer une équipe d’usine, qui est vraiment mon objectif.
C’est maintenant la pause, une période plus calme pour vous ?
Pour l’instant, c’est vrai que je ne vais pas remonter dans une voiture dans les prochains temps. Mais c’est une période où les décisions vont se prendre par rapport à l’an prochain, et il faut rester à l’affût, et continuer à travailler. Mais cela se présente bien, et j’espère officialiser mes plans pour 2025 d’ici la fin du mois de novembre, avant de partir un peu en vacances !
Partiellement allégée et équipée de quatre pneus drag Hoosier, cette BMW 440i a décroché les 6.816 secondes, soit le deuxième temps de la journée dans sa catégorie !
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