ZFE : Fort-de-France espère lancer l’étude de faisabilité en septembre
Par Gauthier Dupraz | Le 19/08/2021 | Environnement
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Le projet de ZFE à Fort-de-France est un souhait formulé par le maire lui-même, Didier Laguerre, en 2018. L’édile avait pris cet engagement auprès du ministre de la transition écologique et solidaire de l’époque, François de Rugy, afin d’endiguer la pollution atmosphérique dans la ville préfecture.
Entre temps, le gouvernement a précisé la réglementation en vigueur concernant la mise en œuvre des ZFE. 11 métropoles ont reçu la consigne de l’État de réaliser leur ZFE. En septembre 2020, 35 nouvelles agglomérations de plus de 150 000 habitants ont également reçu cette obligation réglementaire, mais Fort-de-France ne fait pas partie de cette liste. L’initiative de la commune est donc purement volontariste.
Entretien avec Luc Bergeron, chargé de la mobilité durable à la mairie de Fort-de-France
Où en est le projet de ZFE de Fort-de-France ?
C’est un dossier dont j’ai hérité il y a un an. Pour sa réalisation, un certain nombre d’étapes doit être respecté par rapport au code général des collectivités territoriales. Ces quatre étapes prévoient de réaliser une étude réglementaire de préfiguration de la ZFE. Nous en sommes à ce stade là pour le moment. La deuxième étape consiste en la prédéfinition de la zone géographique sur laquelle la ZFE va être mise en œuvre et quels sont les véhicules qui vont être impactés.
Cela donnera les conditions précises de cette mise en place, de manière à ce que le préfet puisse prendre un arrêté. La troisième étape portera sur le lancement d’une concertation publique d’une durée minimum de 3 mois. Enfin, la quatrième étape sera l’autorisation de lancement du projet que donnera le préfet. L’étude est globale concernant la commune mais la zone de restreinte d’accès aux véhicules reste encore à définir.
En limitant la ZFE à Fort-de-France intramuros, ne risque-t-on pas de s’éloigner du coeur du problème, à savoir les émissions de CO2 provenant principalement de la rocade : ne faudrait-il donc pas élargir ce projet à l’ensemble de la Communauté d’Agglomération du Centre Martinique (CACEM) ?
En effet, c’est l’étude qui doit le déterminer et nous verrons si cela doit être porté à une échelle plus grande. La CACEM s’intéresse au sujet, le maire étant un des vice-présidents de la collectivité.
Quelles seront les modalités de régulation/contrôle de la future ZFE ?
L’État s’était engagé auprès du maire pour que la réglementation ZFE soit respectée via un contrôle automatique (caméras, radars, etc.). Concrètement, en scannant les plaques d’immatriculation, les caméras pourront savoir si le véhicule qui entre dans la ZFE respecte la réglementation en vigueur. Il devrait y avoir toutefois un système de dérogation pour les professionnels.
Quel est le calendrier prévisionnelle pour ce projet de ZFE ?
Pour la première étape (étude de préfiguration), deux acteurs principaux vont travailler ensemble. Pour les études de la qualité de l’air (mesures et modélisation), c’est l’association Madininair qui va s’en occuper. On a également un cahier des charges pour recruter un cabinet d’étude chargé d’évaluer le trafic, le type de véhicules. Et à partir de cela, on doit émettre un certain nombre de scénarios pour réduire le trafic automobile et baisser les émissions de CO2. Nous travaillons sur le cahier des charges et espérons lancer l’étude en septembre.
Quels sont les financements dont dispose la commune pour ce projet ?
On est aidé par l’ADEME avec un montant de 70 000 euros dédiés aux études préalables. La CACEM devrait aussi s’engager ainsi que l’Etat et la CTM (collectivité territoriale de Martinique). On estime entre 140 000 et 160 000 euros les besoins pour les deux études de nos prestataires.
Quels sont les véhicules qui risquent d’être interdits de circuler dans Fort-de-France ?
En Hexagone, 30 % des véhicules seraient géographiquement concernés par l’instauration des zones ZFE. Mais pour la Martinique, je n’ai pas encore ces chiffres. (Selon le site du ministère de l’écologie, les véhicules Crit’air 3/4/5 représentaient 43% de l’ensemble du parc automobile français au 1er janvier 2020 et 78% si on inclut les vignettes Crit’Air 2, ndlr).
Quelles sont les différences par rapport aux ZFEm en Hexagone et qu’en est-il des autres territoires ultramarins ?
Il est encore un peu difficile de se projeter. C’est l’étude préalable qui permettra d’établir les caractéristiques du territoire. À priori, nous sommes le seul territoire d’Outre-mer concerné car nous sommes les seuls à dépasser les normes européennes en termes d’émission de particules fines (PM10 et PM2.5).
Mais les véhicules ne sont pas seuls responsables, il faudrait aussi prendre en compte le phénomène de « brume des sables », la concentration des usines comme la SARA à Fort-de-France ainsi que la présence du centre de traitement des déchets par incinération. La Martinique s’est doté d’un plan de protection de l’atmosphère (PPA) et d’une zone de surveillance de l’air avec Madininair. (Le transport martiniquais représente actuellement 28% du total des émissions, l’essentiel des particules fines émises en Martinique provient de l’industrie selon le site « www.madininair.fr« , ndlr).
En Hexagone, un sondage Harris montre que la majorité des Français ne savent pas ce qu’est une ZFE : les martiniquais sont-ils mieux informés ?
Non, en effet. Nous n’avons pas beaucoup communiqué sur le sujet pour le moment.
Quelles sont les alternatives au véhicule individuel que développe la ville ?
Nous souhaitons encourager l’usage du vélo avec l’idée d’un système de vélib. Mais pour cela, il faut des itinéraires cyclables plus sécurisés. Un sujet sur lequel on réfléchit avec la création de pistes cyclables. Une étude doit être lancée d’ici la fin de l’année.
Pour les transports en commun, le maire de Fort-de-France n’a pas la main sur ce sujet (prérogative de la CTM). Quant aux parkings relais, c’est la SOAM (société d’économie mixte d’aménagement de la ville) qui pourrait developper ce type de projet.
Pour les véhicules électriques, nous allons avec la SOAM, mettre en place des bornes de recharge. Des entrepreneurs nous ont aussi fait part de leur projet de location de scooters en libre-service. Actuellement, nous avons des systèmes de vélo-taxi pour des trajets courts. A l’origine, ce service était dédié aux touristes, mais depuis le début de la crise covid, ces vélo-taxis se sont reconvertis dans le transport de courses pour particuliers.
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