Ce fabricant chinois invente une moto autonome en énergie

On ne pourra pas enlever à ce fabricant chinois de voiturette électrique de golf d’avoir joué la carte de l’originalité. Passé la surprise, que vaut vraiment cette innovation aux traits singuliers ?

Selon les constructeurs, l’avenir de la moto prend des formes bien différentes. En se livrant à l’exercice, BMW avait imaginé, il y a quelque temps, une synergie homme machine tout en préservant des clins d’œil au passé. Plus récemment Kawasaki a livré sa vision du futur en prenant un parti pour le moins original. En effet, le concept présenté à l’exposition universelle de 2025 n’était pas muni de roues, mais de jambes ! À l’inverse, certains constructeurs ont choisi de rester très terre à terre, en visant l’efficience maximale. Difficile de savoir quoi en penser !

Objet roulant non identifié

De loin, on pourrait croire qu’il s’agit de l’ancêtre du BMW C1, ce scooter unique qui avait fait sensation au début des années 2000. En réalité, cette moto au profil plus qu’inhabituel vient d’être dévoilée par l’entreprise Jiangsu YongLE New Energy Electric Vehicle Co. Elle a la particularité d’être équipée d’un panneau solaire et d’une éolienne.

Plus proche d’une idée bricolée que d’un concept design, l’invention semble se baser sur une modeste Honda CG 125 du début des années 2000. On lui reconnaît la forme du réservoir, la selle ou encore l’amortissement arrière. Cependant, ici pas de moteur, mais une batterie lithium LFP de 2,16 kWh. Celle-ci permet, en théorie, d’atteindre une vitesse de 60 km/h, à condition d’éviter les montées supérieures à 26%. On vous l’accorde, c’est peu commun. 

Si cette batterie peut être rechargée à la maison via une prise secteur, la particularité de l’ensemble tient à sa structure métallique en forme de toît qui supporte un panneau photovoltaïque de 250 watts, et une étrange éolienne. Selon le fabricant, cette installation permettrait d’atteindre jusqu’à 120 kilomètres d’autonomie, dont 50 kilomètres grâce à la production du panneau et de l’éolienne.

Idée géniale, ou désastreuse ?

Sur le papier, l’idée a de quoi séduire. En effet, l’électrification progressive des transports met à mal l’autonomie des véhicules, en particulier sans les infrastructures de recharge satisfaisantes. Si le constat est déjà sans appel dans le domaine de l’automobile, il est encore plus flagrant du côté des deux roues. Les constructeurs peinent à proposer des autonomies satisfaisantes.

Ainsi, l’idée de pouvoir augmenter cette autonomie, peu importe la manière, a de quoi attirer l’attention. Seulement voilà : dans le cas présent, le gain semble très limité par rapport à l’envergure de l’installation. Outre ajouter du poids à la moto (133 kg sur la balance), difficile d’imaginer la tenue de route d’un tel engin, en particulier dès que le vent se lève. 

Sans compter le fait que, malgré la présence d’un écran LCD, la moto présentée semble bien loin des standards actuels en matière de confort et de performances.

La recharge rapide, clé de l’électrification de la moto ?

Dans le milieu automobile, on a vu fleurir quelques modèles équipés de panneaux photovoltaïques. Mais là encore, le gain est extrêmement limité par rapport aux besoins du véhicule en question pour se déplacer. La réussite de l’électrification passera, en premier lieu, par l’amélioration de la technologie des batteries, avec notamment une meilleure densité énergétique, et donc une plus grande capacité.

Développer un réseau de chargeur

Surtout, il est essentiel de développer un réseau de recharge à la hauteur des attentes en matière d’électrification. Or, si la situation est déjà insuffisante en métropole, c’est encore pire dans les DROM. Les soucis de recharges y sont fréquents, pour cause d’infrastructures insuffisantes et mal réparties. De plus, les conditions climatiques extrêmes mettent à mal le matériel. Selon un rapport de l’ADEME, les utilisateurs des départements d’outre-mer passeraient 30% de temps de plus à recharger leurs véhicules que leurs homologues de la métropole. 

Ce qu’il faut retenir

Avec son invention, ce fabricant chinois ne devrait pas révolutionner le monde de la moto. Néanmoins, il a le mérite de mettre en lumière un enjeu qui empêche, pour l’instant, le marché de la moto électrique de réellement prendre son essor, à savoir l’autonomie des modèles actuels. Si cette moto atypique propose une piste de réflexion, le salut de la moto propulsée par l’électron devrait plutôt venir du développement massif de réseaux de recharge.