Interview sports mécaniques : Enzo Mavounzy

Enzo Mavounzy, le jeune homme pressé

A 21 ans à peine, Enzo Mavounzy, fils de Jean-Marie Mavounzy, a eu très vite des envies d’ailleurs, et compte déjà, après trois saisons de course, pas moins de quatre sorties en hexagone, dont deux en championnat de France. Et ce n’est pas fini, comme l’a confié le jeune Guadeloupéen à Oovango.com.

Enzo, avec un père, Jean-Marie, qui fait partie des piliers du rallye en Guadeloupe, le rallye était un passage obligé ?

Effectivement, ça a toujours été une passion pour moi. J’ai beaucoup de souvenirs d’enfance liés au rallye avec mon père bien entendu, mais également avec mon oncle François-Xavier, qui a couru en tant que copilote. J’ai le souvenir de voitures comme la Clio Maxi ou la Citroën C2, ça m’a marqué, et ça m’a donné envie.

Mais il vous a fallu attendre d’avoir votre permis pour rouler, l’attente n’était pas trop longue ?

C’est vrai que c’était un peu frustrant, j’avais hâte de faire du rallye. C’est pour cela que j’ai commencé par faire du motocross pendant quatre ans étant plus jeune, et un peu de simulateur chez moi. C’étaient des premières approches de ce sport, mais je savais au fond de moi que ce que je voulais, c’était faire du rallye.

Et la délivrance arrive en 2023 à 18 ans à peine, avec les premiers rallyes. Pourquoi avoir choisi la Suzuki Swift ?

Je n’avais pas eu l’opportunité de faire du karting. Je visais donc une voiture qui ne serait pas trop puissante, mais amusante. Et effectivement la Swift est plaisante à piloter, pas chère à l’entretien, et elle fait du bruit… c’est une bonne formule. Mais 2023 était surtout une première saison d’apprentissage pour moi. C’était une belle première année avec mes équipiers Loan Biagetti et Ludovic Kancel, j’ai pris beaucoup de plaisir, avec beaucoup de bons souvenirs, comme l’image de la voiture sur la barque pour se rendre à Marie-Galante pour le rallye, c’était incroyable comme image.

Changement de monture en 2024 avec la Renault Clio Rally5…

Oui, j’ai eu cette opportunité de disposer de la Clio Rally5 pour les Grands Fonds [7^e du général, 1^er Rally5 avec la miss Guadeloupe Jalylane Maes, ndlr.] Ce sont encore d’autres sensations.

Et tout de suite, le Rallye Mont-Blanc Morzine en championnat de France ! D’où est venue cette idée ?

C’était un peu un coup de tête ! Je me suis dit qu’il fallait essayer de rouler en championnat de France. Mais, honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre, à part avoir visionné des vidéos embarquées. Je suis allé en terrain totalement inconnu, avec un équipier que je découvrais [Romain Gavoye], mais c’était une superbe expérience, avec des paysages incroyables. Et cela s’est plutôt bien passé [34^e Rally5, toujours avec la Clio]. Et j’ai surtout beaucoup appris de mes erreurs, notamment en reconnaissance, j’ai compris qu’il fallait beaucoup travailler pour être performant.

Avez-vous été impressionné par l’univers du championnat de France ?

Pour moi qui venais de Guadeloupe, avec des petits rallyes à trente voitures, c’est sûr que c’était quelque chose de totalement nouveau. J’avais des étoiles dans les yeux du début à la fin. Mais c’était un rallye très long, très éprouvant, notamment pour la concentration, mais cela s’est quand même très bien passé malgré tout. Et j’ai tout de suite pris goût au championnat de France.

Evidemment, l’objectif était d’y retourner en 2025 ?

Bien sûr. Nous sommes repartis avec la Clio, avec un premier rallye de coupe de France, le Rallye National Val de Boutonne, pour nous préparer, avec Matthieu Belhacene dans le baquet de droite cette fois. C’était un rallye compliqué pour moi, avec des conditions difficiles… je n’étais pas vraiment dans mon élément disons. J’étais bien dans certaines portions, à l’arrêt dans d’autres… c’était frustrant.

Malgré tout, votre deuxième rallye de championnat de France, le Rhône Charbonnières, se passe plutôt bien au final ? 

Oui, avec cette fois Julien Loiseau en copilote, cela s’est plutôt bien passé c’est vrai. Le rythme du championnat de France, on le connaît, surtout en formule de promotion [Clio Trophy], mais c’était encore très formateur.

Retour ensuite en Guadeloupe, avec le Rallye de la Canne. Et une belle victoire de classe.

Oui, c’était une révélation, vraiment un beau rallye. On notre groupe et notre classe, on signe un beau top 5, une belle satisfaction avant les Grands Fonds.

Effectivement, incontournable rendez-vous, les Grands Fonds vous sourient avec cette victoire en Rally5, et une belle 6^e place au général derrière des grands noms du rallye.

C’est un rallye que je voulais vraiment gagner en deux roues motrices. Le vendredi soir, je dirais que l’on a fait une course d’attente. Nous avons fait un mauvais choix de pneus, qui nous a rapidement relégués dans le classement. Et puis nous sommes partis dans les derniers le soir de cette première journée, avec l’appréhension de croiser des spectateurs à des endroits mal placés sur le parcours. On a tout misé sur la spéciale du samedi matin, mais la sortie de mon père m’a pas mal déconcentré, et on a lâché pas mal de temps encore. J’ai passé la journée à remonter, mais cela n’a pas suffi. On a quand même gagné notre groupe, et notre classe, oui.

Quels sont les projets pour 2026 ?

Pour l’instant le programme n’est pas encore tout à fait fixé, mais l’objectif est de passer sur quatre roues motrices la saison prochaine, et de retourner sur des épreuves du championnat de France. Le Rhône Charbonnières m’avait beaucoup plu, j’aimerais bien y retourner, mais je suis aussi ouvert à découvrir d’autres rallyes, notamment le Rallye d’Antibes, par exemple.

Représenter la Guadeloupe en championnat de France, c’est une vraie fierté ?

Absolument. J’ai été un peu le premier Guadeloupéen à revenir sur des épreuves du CDF depuis de nombreuses années [Greg Buchholzer et Quentin Chailly ont suivi cette saison au Var, ndlr], et c’est important pour moi. J’avais fait une déco spéciale sur la voiture pour reprendre les couleurs de la Guadeloupe, et c’est toujours un message positif à apporter, pour mettre en lumière les outre-mer dans le championnat. On le voit avec Rehane Gany [de la Réunion, ndlr], cela apporte quelque chose de sympa.