Dans une île qui a fait le choix de se développer par son centre, la mobilité, dans certaines communes devient presque le cauchemar des résidents. Comment rallier Petit-Canal ou Pointe-Noire certains jours ou certaines heures quand on n’a pas de voiture et/ou pas de permis ? Pour répondre à cette question et ne pas être soumis aux lignes de bus, de plus en plus d’usagers se tournent vers le covoiturage en Guadeloupe.
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Voilà deux ans que Sophie est de retour en Guadeloupe. Originaire du Moule, cette jeune coiffeuse travaille depuis peu dans un salon de Pointe-à-Pitre. Cette embauche miracle, en CDI, vient après plusieurs mois de galère et de contrats d’apprentissage. La jeune femme de 29 ans, mère d’une petite fille de 2 ans ne pouvait pas refuser une telle opportunité. Seule ombre au tableau, la paye ne lui permet pas encore de prétendre à un prêt automobile. Car, oui, Sophie a le permis mais pas de voiture. De plus, avec des liaisons fréquentes vers son lieu de travail, elle ne peut plus compter sur l’aide de sa mère qui travaille encore.
Sommaire
Les réseaux sociaux, premier support du covoiturage en Guadeloupe
« Sur mes précédents contrats, en fonction des horaires, j’allais déposer ma mère pour revenir la chercher. Nous avons fonctionné comme cela un temps, avec les contraintes que cela suppose. Il suffit par exemple qu’il faille aller chercher ma fille plus tôt à la crèche et c’est tout le planning qui est bouleversé. » explique Sophie. « La voiture c’est trop cher encore. S’il fallait payer 300 euros minimum de prêt auto pour une bonne voiture, avec l’essence, on ajoute la crèche de ma fille, ses activités, le loyer, ma paye fond comme neige au soleil, c’est trop lourd. »
Ce sont les réseaux sociaux qui offrent une solution de covoiturage en Guadeloupe à cette jeune maman. Deux jours après avoir accepté son contrat, elle poste un message pour savoir si quelqu’un accepterait de co-voiturer avec elle jusqu’à Pointe-à-Pitre. Départ le matin 8h, retour le soir 18h30. Après plusieurs messages infructueux, elle tombe sur Sabine, qui travaille à Jarry sur ces mêmes horaires. Entre les deux femmes l’entente est bonne et elles décident de s’allier. En échange de son trajet, Sophie paie à Sabine 80 euros par mois pour couvrir les frais d’essence.
Le covoiturage, une option pratique et écologique en Guadeloupe
En Guadeloupe, le marché de l’automobile est florissant. L’INSEE publie en 2017 que 69% des foyers de l’île sont équipés d’au-moins une voiture. En 2021, la dynamique des nouveaux véhicules immatriculés était à la hausse de près de 42% par rapport à 2020. Malgré tout, il reste de grands oubliés de la mobilité. Entre les possibilités d’endettement restreintes et l’augmentation du coût du carburant, la voiture est un luxe que beaucoup ne peuvent pas se permettre.
Parmi eux, Ketline Marie et Claude Quenette, qui ont vécu pendant leurs études les galère du déplacement. « Nous étions à l’université à Saint-Claude, une commune perchée au pieds de la Soufrière et c’était une vraie galère de se déplacer. Pour ma part, je suis originaire de la Martinique du coup je me débrouillais avec les transports pour aller à la Fac ou travailler dans mes jobs et Ketline, elle jonglait avec la voiture de ses parents. Mais ce n’était pas évident. » se souvient Claude. L’idée de Dépozé vient de ces difficultés ! Le site internet met en relation des conducteurs volontaires pour partager leur habitacle le temps d’un trajet, et des gens qui ont grand besoin de se déplacer, en échange de 20cts par km. Ils vérifient tout, le permis, l’assurance et l’état technique de la voiture.
Depozé, une plateforme lancée en juillet 2022
L’idée a surtout attiré des automobilistes déjà familiers avec le covoiturage pour en avoir fait l’expérience dans l’Hexagone. Ou encore des conducteurs avec une vraie conscience écologique. « Nos conducteurs ont aussi envie d’aider des gens qui ne peuvent pas se déplacer en partageant leur voiture avec eux » précise Ketline.
Depuis le lancement de la plateforme Depozé.fr en juillet 2022, la plateforme compte 1200 utilisateurs et près de 200 conducteurs. Si cela semble modeste, c’est pourtant pile poil dans la courbe de développement prévue par les deux jeunes entrepreneurs.
Le marché existe, même s’il est étroit. La relation étroite entre la voiture, perçue comme la clé vers la liberté, et les Guadeloupéens n’est pas encore assombrie par les préoccupations d’ordre écologique.
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