La Guadeloupe et Martinique dans le top 10 mondial des ventes de voitures neuves

Malgré la vie chère, les Antilles françaises battent des records !

Selon une étude du média automobile italien Motor1, la Guadeloupe et la Martinique figurent parmi les dix territoires au monde où il se vend le plus de voitures neuves par habitant. En 2024, les deux départements d’Outre-mer se sont classés 6ème et 7ème au niveau mondial, juste derrière le Canada et les États-Unis, mais devant la Chine !

Comment expliquer une telle performance alors même que le pouvoir d’achat reste contraint dans la région ? Focus sur un phénomène économique et culturel unique dans les DROM…

Un classement mondial qui surprend

D’après les chiffres publiés dans cette étude, la Guadeloupe et la Martinique affichent respectivement 15 800 et 14 600 immatriculations de véhicules neufs en 2024. Rapporté à la population, cela représente 41 à 41,5 voitures neuves pour 1 000 habitants.

Un ratio impressionnant, qui place nos territoires devant des pays comme le Liechtenstein ou la Chine, pourtant parmi les géants de l’industrie automobile mondiale.

En tête du classement, on retrouve sans surprise le Luxembourg, avec un ratio de 75,8 véhicules pour 1 000 habitants, suivi du Canada avec 46,7 véhicules et des États-Unis avec 46,6 véhicules. Autrement dit, les Antilles françaises se hissent parmi les territoires les plus dynamiques du monde en matière d’achat automobile, au même niveau que les grandes puissances économiques.

Un paradoxe économique entre la vie chère et les voitures neuves

À première vue, ce classement semble difficile à comprendre, si bien que celui-ci a même été remis en cause par certains. En effet, les DROM sont souvent associés à un coût de la vie beaucoup trop élevé pour les habitants, et à un pouvoir d’achat limité en temps d’inflation. Et pourtant, on ne peut que constater que le marché automobile y reste florissant.

Les concessionnaires locaux confirment que les voitures neuves continuent de séduire, même dans un contexte économique difficile et de baisse des ventes globales. En 2024, le marché a reculé à Fort-de-France comme à Basse-Terre, mais les volumes restent suffisants pour maintenir un ratio élevé.

En faisant preuve d’analyse, plusieurs facteurs expliquent ce phénomène :

• Un fort attachement à l’automobile, encore perçue comme un symbole de réussite sociale et de mobilité.
• Un parc automobile ancien, qui pousse les ménages à renouveler plus fréquemment leurs véhicules.
• Des offres de financement attractives, avec des crédits auto et locations longue durée (LLD) de plus en plus accessibles, en plus de la négociation qui reste plus accessible.
• Un réseau de concessionnaires très structuré, dominé par de grands groupes installés depuis des décennies dans les Antilles.

Une culture de la voiture bien ancrée dans les DROM

En Guadeloupe comme en Martinique, la voiture est bien plus qu’un simple moyen de transport : c’est une nécessité quotidienne. Les transports publics restent trop insuffisants ou inadaptés à certaines zones rurales, rendant la possession d’un véhicule presque incontournable.

Cette dépendance à l’automobile se traduit par un taux d’équipement par ménage élevé, une forte demande de modèles polyvalents et fiables, souvent adaptés aux reliefs et aux routes tropicales, et une préférence pour les véhicules neufs, perçus comme plus sûrs et plus durables face aux conditions climatiques des DROM.

Ainsi, malgré la « vie chère », les Antillais continuent d’investir dans la mobilité, quitte à ajuster d’autres postes de dépense.

Un marché local en pleine mutation…

Si les chiffres impressionnent, le marché automobile antillais n’échappe pas aux transformations mondiales. En 2024, les ventes ont légèrement reculé, notamment en Martinique, qui a perdu 15 points à l’indice du pouvoir d’achat automobile par rapport à 2023.

Cependant, la transition énergétique commence à s’installer :

• Les voitures hybrides et électriques gagnent du terrain, portées par les incitations gouvernementales et la hausse du prix du carburant.
• De nouveaux acteurs importent des modèles chinois ou coréens plus abordables, qui arrivent même en Outre-Mer, modifiant progressivement l’équilibre entre les marques traditionnelles et les constructeurs émergents.

Les concessionnaires doivent donc composer avec un marché exigeant mais prometteur, où les attentes en matière de confort, de technologie et d’économies de carburant se font de plus en plus fortes.

Et la Chine dans tout ça ?

Ironie du classement : la Chine, première puissance automobile mondiale avec 23,5 millions de véhicules neufs vendus en 2024, n’apparaît même pas dans le top 10 en termes de ratio par habitant.

Avec seulement 16,6 voitures neuves pour 1 000 habitants, le pays reste encore très loin derrière la moyenne mondiale. Le calcul, basé sur le rapport entre ventes et population, favorise naturellement les petits territoires où le marché automobile est dense par rapport au nombre d’habitants.

Les Antilles françaises tirent donc profit de cette méthode d’analyse, mais le classement révèle surtout une passion locale pour l’automobile, malgré des contraintes économiques et logistiques bien réelles.

À retenir

• La Guadeloupe à la sixième place et la Martinique à la septième place figurent dans le classement mondial des ventes de voitures neuves par habitant.
• En 2024, on y compte plus de 41 véhicules neufs pour 1 000 habitants, un ratio qui est bien supérieur à celui de la Chine.
• Ce dynamisme s’explique par un fort attachement culturel à la voiture, un réseau de concessionnaires solide et des offres de financement attractives.
• Malgré une baisse du marché global l’an dernier, la demande reste soutenue, notamment pour les modèles hybrides et électriques.

Les DROM confirment leur statut de marchés automobiles atypiques, où la mobilité reste un besoin essentiel et un marqueur social fort.