ITW de Loïs d’Abbadie : « J’ai l’intention de retourner sur le Dakar »

Par Emmanuel Rolland | Le 27/03/2024 | Sports mécaniques

Premier pilote réunionnais à avoir atteint l’arrivée du Rallye Dakar en janvier dernier, Loïs d’Abbadie, qui en était à sa deuxième tentative après une première malheureuse en 2023, entend bien regoûter au sable d’Arabie Saoudite, avant tout pour une histoire d’amitié…

Si Mathieu Girard est devenu le premier Guyanais à boucler un Dakar, à sa première participation, Loïs d’Abbadie a été le premier Réunionnais à réussir pareil exploit. Les deux hommes évoluaient sous la houlette de la structure Nomad Racing en Arabie Saoudite, mais Loïs d’Abbadie n’a de loin pas l’expérience de son homologue sud-américain.

Ainsi, alors que Mathieu Girard (38 ans) a écumé les pistes de motocross dès son plus jeune âge, le pilote de l’île Bourbon, âgé de 40 ans, ne s’est lancé en compétition qu’il y a quelques années.

« Je suis un passionné de la moto », a ainsi expliqué Loïs d’Abbadie à Oovango.com. « Je ne pratique la moto tout terrain que depuis huit ans, je ne suis pas un pilote depuis mon plus jeune âge, mais j’ai toujours, depuis longtemps, gardé en tête de belles images du Dakar, que ce soit en moto ou en auto. »

Loïs s’est décidé à s’inscrire dans des épreuves amateurs à La Réunion, mais surtout pour faire la course entre amis, avec tout de même le plaisir d’être sacré officiellement Champion de La Réunion d’enduro en 2017.

C’est en 2020 que le Réunionnais goûte pour la première fois au rallye, avec une première participation au Rallye du Maroc cette même année. Il rééditera l’expérience en 2021, année où il sera aussi au départ du Rallye de Tunisie. Passionné d’aventure, et curieux, il dispute également l’épreuve des Six Days en 2022, une épreuve atypique d’enduro de six jours. « Une belle compétition », poursuit-il. « Car il y a un niveau très relevé, avec huit à dix heures de roulage par jour. Il n’y a pas vraiment de navigation, mais physiquement, c’est un bon entraînement. »

Loïs d’Abbadie parfait également son entraînement en motocross, le tout avec un objectif ultime : participer au Dakar. Un objectif qu’il atteindra finalement en 2023.


« Bien entendu, quand on a commencé à faire de la moto, l’objectif a toujours été le Dakar avec mon ami Rodolphe de Palmas, qui m’a suivi dans mes aventures depuis le début. On a toujours visé cette épreuve, et nous avons finalement pu nous aligner au départ de l’édition 2023 tous les deux. »

« Au niveau navigation, c’était évidemment au-dessus de tout ce que l’on avait pu connaître, mais ça allait encore. Mais la grosse différence était surtout la longueur des étapes. Pour expliquer, une grosse étape sur le Maroc, c’est une petite étape sur le Dakar. Et puis des rallyes comme le Maroc ou le Tunisie se disputent sur quelques jours. Là, on est partie sur deux semaines, et la première partie du Dakar avant l’étape de repos, c’est déjà sept jours de course ! »


Malheureusement, cette première tentative s’achèvera prématurément pour Loïs d’Abbadie, victime d’une chute dès la première étape, aux abords du 100e kilomètre. Bilan : fracture de la clavicule, et abandon (très) précoce.

Un souvenir d’autant plus amer que, si son ami Rodolphe de Palmas, avec lequel il s’était lancé ce défi, a poursuivi sa route de son côté, ce dernier fut à son tour victime d’une chute, proche du but, sur la 12e étape. Si l’accident en lui-même ne s’avérait pas particulièrement violent, l’infortuné motard réunionnais était coincé sous sa moto, qui prenait feu, le brûlant gravement à la hanche, aux mains, au cou et sur la partie basse du visage. Des blessures qui nécessitaient un rapatriement d’urgence et un premier séjour de deux mois dans un hôpital pour grands brûlés.

« Du point de vue personnel, c’était évidemment dur d’arrêter si tôt après tout l’investissement nécessaire pour s’aligner au départ », se souvient Loïs d’Abbadie. « Et ce qui est arrivé à Rodolphe a encore davantage plombé le moral. J’avais forcément une revanche à prendre, car j’avais l’impression d’avoir fait un Dakar sans vraiment y goûter. Mon pote a passé une année en rémission, c’était compliqué pour lui aussi. »

Décision est ainsi prise de se focaliser rapidement sur le Dakar 2024, avec la ferme intention de rallier l’arrivée cette fois.

« Pour le Dakar 2024, j’ai mis les bouchées doubles au niveau de la préparation physique, en essayant de concilier cela avec une vie professionnelle active. »

« Je suis revenu sur le Dakar cette année mais, au début, ma grosse crainte était naturellement de chuter et de me blesser. Avec le recul, je me dis que je n’étais pas forcément dans le rythme. Mais, même si j’arrivais dernier, je voulais terminer. Alors on se crispe un peu, sur les étapes les plus longues ce n’était pas forcément évident car je finissais parfois la nuit. Je ne trouvais pas forcément mes repères, et puis le niveau était vraiment très élevé. »


« En revanche, à partir du cinquième jour, on a attaqué les dunes. Je me suis débloqué sur le sable, j’ai pris plus de plaisir, j’avais un meilleur rythme. Sur la première journée de sable, j’ai dû remonter une vingtaine de concurrents. Cela m’a mis en confiance, j’ai roulé encore mieux. Derrière, il y avait la fameuse étape 48 heures chrono, toujours en plein désert, avec 620 km de dunes. J’étais gonflé à bloc, j’étais vraiment content de la manière dont je roulais, et j’étais avec des pilotes que je n’imaginais pas suivre lors des premiers jours, et en plus j’en ai pris plein les yeux niveau paysage. »

« Ma peur de tomber a peu à peu disparu, et je me suis senti bien sur la moto. »

Au bout de l’aventure, l’objectif était atteint, avec la ligne d’arrivée franchie. Et beaucoup d’émotions.

« Sur les premières journées, j’évoluais dans les 100-110e positions au classement, et je suis finalement classé 69e, avec mon meilleur résultat sur la dernière journée, une 64e place. J’ai pris beaucoup de plaisir à rouler à cette vitesse, et la récompense est belle au final. »

« J’ai évidemment eu une pensée pour Rodolphe à l’arrivée, c’est quelque chose que l’on préparait depuis 2020. J’ai aussi pensé à Matthieu de Saint Exupery, avec lequel j’ai roulé au Rallye de Tunisie, et qui a trouvé la mort sur cette épreuve. »

« C’est une grosse satisfaction, c’est une aventure qui nous sort de notre train-train quotidien, j’ai appris ce qu’était réellement cette discipline. Il faut beaucoup de résilience, accepter qu’il y a des jours avec, et des jours sans. Mais il faut juste assurer lorsque l’on est dans un jour sans, rallier l’arrivée sans se blesser, et espérer que le lendemain soit meilleur. »


Premier Réunionnais à atteindre l’arrivée du Dakar – la même année qu’un Guyanais, Mathieu Girard, en faisait de même -, Loïs d’Abbadie n’en a pas fini avec cette épreuve. Et il a d’autres plans en tête.

« J’ai l’intention de retourner sur le Dakar avec mon pote Rodolphe », conclut-il. « Lui aussi a hâte de revenir faire le Dakar. Je regarde aussi d’autres courses dans le monde, comme la Baja 1000 aux Etats-Unis, ou d’autres choses en Australie, par exemple. C’est une belle occasion de découvrir d’autres pays. »

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