Cette moto à hydrogène développe 300 chevaux

Face aux défis de la transition énergétique, de nombreux chercheurs planchent sur la propulsion du futur. C’est le cas de ces jeunes étudiants du MIT, qui ont mis au point une moto de plus de 300 chevaux, mais qui ne rejette que de l’eau. Voici comment ils ont fait. 

Des étudiants du MIT viennent de dévoiler un prototype de moto un peu particulier. Dirigés par Aditya Mehrotra, ils ont entièrement dépouillé une vieille Ducati, afin de l’équiper d’une propulsion à hydrogène. Dans les faits, cette moto dispose d’une pile à combustible du fabricant coréen Doosan, qui permet d’alimenter une batterie électrique. Cette dernière alimente à son tour un moteur électrique qui développe pas moins de 300 chevaux. Avec ce projet, les étudiants ont pour ambition de documenter tous leurs résultats pour faire avancer la science en matière de propulsion à hydrogène. 

Et il y a de quoi faire. Si le secteur de l’automobile parvient à s’électrifier petit à petit, le monde de la moto reste fortement carboné. Et pour cause : le gabarit contenu des deux-roues rend bien plus difficile leur électrification. 

Les avantages et les inconvénients de la propulsion à hydrogène

À ce sujet, l’hydrogène a un potentiel intéressant, grâce à une densité énergétique massique bien plus élevée que les batteries au lithium. Alors qu’une batterie LFP de 1 kg peut stocker entre 100 et 160 Wh, le même poids d’hydrogène peut, en théorie, stocker plus de 30 000 Wh ! Néanmoins, profiter de cette densité énergétique nécessite de pouvoir comprimer l’hydrogène. En effet, à pression atmosphérique ce kilogramme d’H2 a un volume colossal de 12 m3. Dans le secteur des transports, on cherche donc à comprimer l’hydrogène à 700 bars sous forme gazeuse. Une autre alternative consiste à le liquéfier, en le maintenant à une température de 253°C. Ces contraintes techniques imposent des défis technologiques qui sont, pour l’heure, difficiles à relever.

En parallèle, l’hydrogène offre la perspective de décarboner la production d’énergie. Néanmoins, le caractère neutre en carbone de l’hydrogène est loin d’être une évidence. À l’heure actuelle, la production d’hydrogène décarboné ne représente que 1% de la production totale, l’extrême majorité de l’hydrogène étant obtenue grâce à des énergies fossiles. Enfin, l’utilisation d’électricité à partir d’hydrogène décarboné est loin d’être parfaite, avec les technologies actuelles. La chaîne globale de l’hydrogène ne dépasse pas les 30%. Cela signifie que si une éolienne produit 3 kWh d’électricité, un véhicule électrique ne pourra utiliser que 1 kWh. 

Kawasaki fait partie des rares à y croire

Malgré ces défis technologiques qu’il reste à surmonter, plusieurs constructeurs croient au potentiel de l’hydrogène, et continuent de le développer activement. C’est notamment le cas de Kawasaki. En juillet 2024, le fabricant japonais réalisait la première démonstration publique de son moteur à hydrogène ICE”. Contrairement à l’architecture choisie par les étudiants du MIT, l’hydrogène est ici directement utilisé comme carburant pour un moteur à combustion. Cette démonstration s’était soldée par quelques tours de roue sur le circuit de Suzuka. 

Le prototype de Kawasaki est équipé d’un moteur à hydrogène basé sur le moteur suralimenté 4 cylindres en ligne de 998 cm3 qui équipe la Ninja H2. Ce moteur nouvelle génération ne rejette presque que de l’eau, et très faible quantité d’huile moteur. Cette même moto, baptisée Ninja H2 HySE a fait une apparition sur le circuit Bugatti, à l’occasion des 24 Heures Motos. La moto est particulièrement reconnaissable à son top-case qui accueille les réservoirs d’hydrogène.  

En France aussi, on croit en l’hydrogène. Si l’avenir du fabricant de voiture Hopium paraît incertain, la startup H2 Motronics a travaillé sur la mise au point d’une moto à hydrogène, baptisée H2K. À l’heure de sa présentation, il y a déjà 3 ans, il s’agissait de la première moto à hydrogène au monde. 

Enfin, le projet Hydrocycle vise à mettre au point une moto équipée d’une pile à combustible à hydrogène. Développée pour les milieux urbains, et particulièrement pour les services de livraisons, cette moto pourrait afficher une autonomie proche des 100 kilomètres. 

À retenir

• Une moto à hydrogène de 300 ch a été conçue par des étudiants du MIT, basée sur une Ducati modifiée.
• Elle fonctionne grâce à une pile à hydrogène qui alimente un moteur électrique.
• L’hydrogène a un fort potentiel énergétique, mais impose des contraintes techniques (compression, rendement faible).
• Kawasaki développe aussi une moto thermique à hydrogène, la Ninja H2 HySE.
• En France, des projets comme H2K ou Hydrocycle explorent l’hydrogène pour la moto, notamment pour les livraisons urbaines.