Interview sports mécaniques : Pascal Dorseuil : « Un moment incroyable »
Par Emmanuel Rolland | Le 13/11/2025 | Actu | News | Sports mécaniques
Pascal Dorseuil raconte son incroyable titre de champion du monde vétéran de motocross à Glen Helen et son parcours entre Réunion, France et USA.
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Le pilote réunionnais, qui vient d’être sacré champion du monde de motocross vétéran aux Etats-Unis sur KTM, revient pour Oovango.com sur son expérience de l’autre-côté de l’Atlantique.
Pascal, avant tout, comment avez-vous décider de disputer ces championnats du monde vétéran aux Etats-Unis ?
Tout d’abord il faut remonter à quelques années en arrière, quand je m’étais déjà inscrit aux championnats du monde vétéran qui devaient se disputer en Turquie en 2019. Mais l’épreuve avait été annulée à la dernière minute à l’époque. On m’avait réorienté vers la course de MXGP qui se disputait sur le même circuit le même week-end. A 44 ans, ce n’était pas vraiment l’objectif, mais cela m’a donné la chance de rouler avec les pointures de l’époque, mes idoles que je suivais à la télévision. Au final, j’ai fini à la porte des points, à la 21e place, c’était une belle expérience.

Et ensuite, après la crise sanitaire, vous avez décidé de vous attaquer au championnat de France vétéran…
Oui, j’ai décidé de prioriser le championnat de France vétéran en 2021 par rapport aux courses à la Réunion, et j’ai décroché le titre cette première année. En 2022 j’ai continué, et je termine vice-champion derrière Nicolas Cottenet pour un petit point. Avec Nicolas, on s’est offert comme ça un mano à mano pendant trois ans, et j’ai été titré en 2023. En 2024, je n’ai fait que la première manche du championnat, que j’ai remporté.
Et l’an dernier, la saison 2024 vétéran a rapidement été compromise…
Oui car j’ai été pris dans une chute en début de saison à Valence, où je n’ai pas pu marquer de points. Et le barème fait que, quand on fait un score vierge, il est impossible de rattraper son retard à la régulière. Ça ne servait donc à rien de continuer.
Et nous voici donc en 2025 et cette nouvelle tentative en championnat du monde vétéran, cette fois aux Etats-Unis à Glen Helen, pourquoi cette saison ?
Eh bien, assez naturellement, j’avais raté cette course en Turquie, et 2025 étant l’année de mes 50 ans, je voulais me faire plaisir et aller à Glen Helen. On a monté des dossiers de sponsoring, mais on n’a pas reçu beaucoup d’aides au final. Des amis nous ont donné des coups de pouce. On a fait des cagnottes, j’ai vendu des t-shirts, j’ai finalement auto-financé mon départ.
Etiez-vous nerveux en arrivant sur ce week-end ?
Pas du tout. Je ne sais pas si c’est le fait d’arriver là-bas sans ambition précise, sans stress, mais la mayonnaise a rapidement pris. J’ai pris un plaisir immense à rouler sur ce circuit. J’ai posté des stories sur mes réseaux sociaux sur un ton un peu humoristique pendant les entraînements, ça m’a détendu. Je n’ai pas tout de suite perçu l’enjeu de la compétition. Alors que, dans l’équipe pour laquelle je roulais, il y avait des pilotes qui étaient venus pour gagner, et eux étaient clairement sous pression. Après, je ne peux pas juger car, cette année en championnat de la Réunion, j’avais quasiment le titre en poche en arrivant à Ravine-à-Malheur, mais je me suis mis une pression de malade… On ne peut pas contrôler.
Connaissiez-vous vos adversaires ?
Je les connaissais de nom, notamment Kurt Nichols, cinq fois champion du monde MXGP, ou encore Mike Otter, notamment. Ce sont des grands noms du circuit US de motocross, des professionnels qui ont toujours été payés pour rouler. J’ai quand même eu un petit moment de doute en les voyant rouler lors des premiers essais car ils connaissaient déjà le circuit et étaient déjà dans la recherche de la performance. Moi j’étais à la recherche de sensations sur un circuit que je ne connaissais pas. Mais c’est vite venu, plus j’alignais les tours, plus ça allait.
Vous avez déjà pris vos marques lors de la course 40+ Pro…
J’ai pris un départ moyen dans la première manche mais j’avais une bonne cadence tout au long de la manche. J’arrive à finir 7e, avec la 5e place qui n’était pas loin. Dans ma tête, j’ai eu un déclic. J’étais beaucoup plus relax, j’avais moins ce complexe d’infériorité, je sentais moins ce complexe d’infériorité. Dans la deuxième manche, je finis 5e, quasiment ensemble sur la ligne avec le quatrième. Ça m’a enlevé un poids et donné de la confiance pour la suite.
La suite, c’était justement la finale de la course 50+ Pro, et l’apothéose !
Oui incroyable. La veille au matin personne ne me connaissait, et là on parlait de moi après mes résultats de la veille. Et moi je sais que j’allais être dans le coup. Je prends le départ de la première manche, je me maintiens 2e ou 3e, puis je passe en tête, mais ensuite j’accumule les erreurs à la mi-course. Les pilotes de derrière reviennent sur moi, mais je finis par reprendre mes esprits. Je garde la première place et je remporte cette première manche. Et là c’est l’euphorie à l’arrivée, il y a un speaker qui t’attend, qui te pose des questions en anglais, forcément, et je lui réponds comme je peux avec les quelques phrases que j’ai apprises à l’école. C’était un régal, un truc improbable.
Et là vous étiez en mode « gagne » pour la deuxième manche ?
Absolument, on a commencé à prendre les choses un peu plus sérieusement, je voulais tout contrôler de A à Z. J’ai même décidé de vidanger la moto une demi-heure avant le départ de la deuxième manche après m’être entretenu avec un ami à la Réunion ! En revanche la deuxième manche a mal commencé puisque les organisateurs ont un peu anticipé le départ et certains concurrents, dont moi, n’étaient pas prêts, et on s’est retrouvés derrière. Mais il y a eu un incident de course et la course a été arrêtée sur drapeau rouge, et on a pu repartir. Là, je me suis dit que cela ne pouvait plus m’échapper. Je pars finalement quatrième, je remonte le 3e, le 2e. Puis, dans les deux derniers tours, je prends l’ascendant sur le premier, pour passer la ligne en vainqueur et finir champion.
Comment avez-vous vécu l’après-course, après l’arrivée ?
C’était un moment incroyable. Après l’arrivée, toute la pression a chuté d’un coup, et j’ai tout de suite remarqué l’ampleur de ma victoire, déjà sur place à Glen Helen. Là-bas, ils encouragent et félicitent les vainqueurs, quelle que soit leur nationalité, ma notoriété sur place a tout de suite changé. Je me suis retrouvé au camion média, avec un micro, je ne savais plus quoi dire. Après quelques phrases en anglais, je leur ai demandé de m’exprimer dans la langue de mon pays, et je me suis exprimé en créole. C’est sorti comme ça !

Vous avez même failli remporter un deuxième titre dans le Trophée des Nations…
Oui ! Il fallait constituer une équipe de trois pilotes de même nationalité, mais nous n’étions que deux Français. Le règlement permet de prendre un troisième pilote d’une autre nationalité, mais cela implique cinq points de pénalité. Nous avons fait équipe avec un jeune Américain, et avons couru chacun dans une catégorie, moins en 40+. J’ai remporté mes deux manches, et nous étions titrés aux points, mais la pénalité nous a rétrogradé à la troisième place, sans ça on était champions.
Et votre titre a pris encore plus d’ampleur le lendemain ?
Oui, j’ai mesuré ça au niveau des médias, notamment ceux de la Réunion, et sur les réseaux sociaux, j’ai reçu plein de messages, c’était hallucinant.
Un mot sur le circuit de Glen Helen, par rapport à ce que vous connaissez à la Réunion ?
C’est assez différent. Déjà le circuit est bien plus grand, et il procure une grosse sensation de vitesse. Cela notamment dans ce premier virage en parabole, avec les lettres Glen Helen qui trônent en grand en surplomb, un peu comme à Hollywood ! Et puis il y a énormément de dénivelés positifs ou négatifs, avec des montées interminables, et des grandes descentes vertigineuses. Mais, au final, je dirais que c’est moins compliqué que rouler sur les circuits de la Réunion, qui sont plus physiques, et plus exigeants sur le cardio. Cela m’a d’ailleurs permis d’être bien physiquement en arrivant à Glen Helen, où je me suis senti bien, et où j’avais l’impression presque de pouvoir respirer par moments.
La Réunion justement : vous avez accroché un 21e titre cette année, comment le vivez-vous ?
Je suis super heureux. Et je peux vous dire que le niveau des pilotes à la Réunion est élevé, et ce titre est d’autant plus satisfaisant, je suis très fier de ce 21e titre. Je dois dire que j’aime faire une coupure à l’intersaison, ne plus toucher la moto, pour créer un manque, et arriver plus motivé que jamais en début de saison.
C’est donc reparti pour une quête d’un 22e titre en 2026 ?
Oui, a priori on repart en championnat local l’an prochain, il faut encore voir ça avec mes partenaires, mais oui, je suis un compétiteur, l’objectif est de remettre mon titre en jeu. Et puis pourquoi pas disputer à nouveau une épreuve internationale.
De nouveaux championnats du monde ?
Mon rêve a été réalisé, mais pourquoi pas ? Si quelque chose se présente à l’avenir en Angleterre ou ailleurs, pourquoi pas. Je tiens surtout à remercier tous les gens qui m’ont soutenu, que ce soit mes proches, mes amis, mes partenaires… c’est une vraie euphorie, que je n’arrive pas à réaliser. Je surfe sur la vague…
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