Interview Pascal Coupra après le MRT

Par Emmanuel Rolland | Le 13/08/2025 | Actu | News | Passion auto / moto | Sports mécaniques

Avec Pascal Coupra, la Guyane a brillé au MRT

La classe R2 du dernier MRT a été remportée par le Guyanais Pascal Coupra au volant de sa Peugeot 208, lequel a signé l’exploit de devancer les pilotes martiniquais sur leurs terres, en terminant également huitième du classement général. Le pilote de Cayenne, copiloté par un autre Martiniquais, Jean-Sébastien Mencé, revient sur son aventure pour Oovango.com.

Pascal, de quand date votre passion pour le rallye ?

J’ai commencé vers le milieu des années 2000, j’avais une petite 205 à l’époque en Guyane, avec laquelle j’ai signé de bons résultats. Après plusieurs années, j’ai décidé de mettre cette activité en suspens pour me consacrer à ma famille.

Mais la passion a repris le dessus des années plus tard…

Oui, il y a six ans, en 2019, je suis allé voir Jean-Mary Bardoux (multiple champion de Guyane) sur un rallye, et quand je l’ai vu piloter, ça m’a redonné l’envie d’y retourner ! J’ai rapidement acheté une Mini Cooper, avec laquelle je me suis aligné comme voiture zéro sur un autre rallye, la même année. Là, on m’a demandé de me calmer car je faisais visiblement des temps équivalents aux concurrents qui étaient en course, alors que ma voiture n’était pas préparée pour la compétition. J’avais le projet de préparer la Mini pour la course, mais le COVID est arrivé, et cela a mis mon projet entre parenthèse, et d’ailleurs j’ai fini par vendre la voiture.

Mais vous revenez quand même rapidement à la course ?

Oui, le Team Somasco Sport, où évoluait Jean-Mary, a fait appel à moi pour conseiller un jeune talent guyanais, Jessy Guyotte. Le projet était que je lui donne des conseils en tant que pilote, mais aussi en tant que copilote. Et, alors que Jean-Marie évoluait sur la 208, nous avons finalement partagé la deuxième voiture de l’équipe, la Peugeot 106, sur le championnat de Guyane, la moitié du temps moi au volant et Jessy dans le baquet de droite, la moitié du temps l’inverse. Et on a fait ça pendant plusieurs saisons, avec succès.

| Crédit photo : DR

Fin 2024, l’aventure va finalement plus loin…

En décembre 2024, après le dernier rallye de la saison en Guyane, Jean-Mary a annoncé à l’équipe qu’il arrêtait la compétition. On était tous un peu surpris, mais ça a surtout obligé l’équipe à revoir son organisation. Ils ont pris la décision de me confier la 208, alors que Jean-Sébastien Mancé, qui accompagnait Jean-Mary jusque-là, devenait mon copilote. Quant à Jessy, il pouvait voler de ses propres ailes, je n’avais plus grand-chose à lui apprendre de toute façon, on évoluait dans les mêmes temps. Et, pour notre premier rallye ensemble en Guyane Jean-Sébastien et moi (Rallye de Remire & Cayenne, Grand Prix de Somasco), on a décroché la victoire, en avril de cette année.

Comment est venue l’idée de disputer le Martinique Rallye Tour ?

J’avais découvert le MRT en 2024 pour y suivre Jean-Marie Bardoux. Il avait loué une Citroën C2, cela ne s’était d’ailleurs pas très bien passé car il a rencontré pas mal de pannes, et a finalement terminé 15e. Mais en-dehors de ça, quand j’ai assisté à cette course, je me suis dit qu’il fallait absolument que je la fasse… J’ai trouvé ça magique, les voitures, tout ce public passionné… quand on aime ce sport, c’est vraiment une épreuve qu’il faut voir pour toute l’effervescence autour. Quand je suis rentré en Guyane, j’avais des étoiles plein les yeux. Le MRT était l’objectif pour 2025, mais on savait que ce ne serait pas simple, avec déjà le transport du matériel, qui est très cher de la Guyane à la Martinique.

Le convoyage des voitures depuis la Guyane, justement, était une véritable épopée. Pouvez-vous nous raconter vos péripéties ?

Nous avons eu un premier devis de transport pour les deux voitures de l’équipe, qui s’élevait déjà à 15 000 euros. Ça nous a refroidi. On a fait une cagnotte, on a démarché des sponsors, nous sommes allés rencontrer les collectivités, la région, on a essayé de se débrouiller comme on a pu. Au final, après plusieurs discussions, nous sommes arrivés à descendre le prix à 12 000 euros, on a décidé de se lancer.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là…

Eh non ! Le jour prévu du départ du bateau, on nous informe que ce dernier aura du retard et n’arrivera pas à temps en Martinique pour le début du rallye… Il a fallu trouver une autre solution, et un autre bateau en urgence. On a fini par trouver un bateau qui partait en Martinique dans les temps, mais il n’emmenait pas de container. Il a fallu sortir les voitures et tout le matériel du container initial, on a mis un maximum de matériel dans les voitures, mais on ne pouvait pas tout embarquer. Finalement les voitures ont été chargées comme ça, et sont parties dix jours avant le début du rallye, et ce n’est que là que j’ai fini par prendre mon billet pour la Martinique ! Arrivés là-bas, nous avons dû emprunter du matériel, et faire le covering des voitures avec le nom de nos partenaires.

Comment avez-vous abordé le début du rallye ?

J’avais remarqué, pendant le shakedown du jeudi, que la 208 sous-virait. Et c’était pareil le vendredi soir lors des spéciales « spectacles » de Fort-de-France, où j’ai préféré prendre les ronds-points au ralenti, pour ne pas risquer d’endommager la voiture en tirant tout droit. Le samedi matin, avec les pneus neufs, ça allait un peu mieux mais il fallait faire un réglage du train avant. Dès le début du rallye, comme d’habitude, j’attaque dès la première spéciale. Ce n’était pas évident car je ne connaissais pas les routes de la Martinique, j’ai roulé aux notes, j’ai dit à Sébastien que je lui faisais confiance, et ça s’est très bien passé, on s’est rapidement retrouvés en tête du R2.

Vous avez fini la journée du samedi sur une belle frayeur… et un beau reflexe !

D’abord, dans l’après-midi, j’ai eu un souci de portière, que je n’arrivais pas à fermer au départ d’une spéciale. Ils ont finalement fait partir la Twingo de Maëva (Lebielle) avant moi, puis j’ai démarré peu après derrière elle. J’ai fini par la rattraper sur le parcours, j’avais du mal à la passer, c’était une situation inédite pour moi. Elle a fini par me voir et s’est écartée, c’était une première péripétie, elle n’y pouvait rien. Mais lors d’une spéciale en début de soirée, j’ai vu les spectateurs me faire des grands signes lorsque je suis arrivé sur un virage, j’ai pris ma trajectoire et je me suis retrouvé nez-à-nez avec la C2 de Ennerick Coriolan, qui avec fait un 360 juste avant. J’ai juste eu le temps de l’éviter, il est venu me voir après la journée en me disant : « Tu nous as sauvés ! »

Malgré une belle avance le samedi soir, vous n’avez rien lâché le dimanche

On avait 53 secondes d’avance samedi soir sur Rudy Rodney, pilote de la Martinique. On m’avait dit que j’allais perdre du temps et mon avance sur les spéciales du dimanche sur les pilotes locaux. La première spéciale du dimanche, j’étais effectivement sur un faux rythme, j’ai perdu dix secondes sur Rudy. Mais j’ai recommencé à attaquer dans la troisième spéciale de la journée. Malheureusement, dans la quatrième spéciale du dimanche (ES14), je suis arrivé trop fort sur un virage, j’ai tiré tout droit. J’ai redressé la voiture, mais j’ai traversé un canal, un champ, et je suis revenu sur la route, le pare-chocs en moins. De retour sur la route, j’ai à nouveau attaqué comme un malade… et j’ai signé le meilleur chrono du R2, malgré cette sortie !

Au final, vous remportez la classe R2 (devant Rudy Rodney) pour votre première sortie en Martinique, l’objectif était atteint ?

Ça a même dépassé nos espérances car on pensait jouer le top 3 de la catégorie, et on finit par gagner ! Et l’équipe n’était pas loin d’une autre victoire avec Jessy, qui était en tête (du F2/13) avant un panne mécanique la dernière journée. C’était une expérience très enrichissante, j’ai beaucoup appris, le public était vraiment génial. Ce ne sont pas les mêmes conditions qu’en Guyane.

| Crédit photo : DR

Justement, comment jugez-vous la santé du rallye en Guyane ?

C’est différent et plus difficile à organiser. Il y a moins de sponsors, du coup moins de budget, et moins de concurrents au départ. C’est dommage car il y a des belles voitures chez nous, mais elles restent au garage, faute d’argent pour les faire rouler. On part parfois sur des rallyes où on est seulement six ou sept au départ, ce n’est pas top. On espère revenir au moins à la période où l’on pouvait compter sur une douzaine de voitures sur chaque rallye. Et les gens en Guyane ne sont pas forcément aussi enthousiastes qu’en Martinique ou en Guadeloupe. Il y a des passionnés aussi, mais certains sont plus dans le mécontentement de voir des routes bloquées pour des épreuves comme les nôtres. Mais on ne baisse pas les bras, les gens de la ligue sont motivés pour que ce sport reprenne en Guyane.

Quoi qu’il en soit, représenter la Guyane au MRT est important pour vous ?

C’est certain ! On avait les drapeaux de la Guyane sur les voitures, c’était une fierté de représenter notre département sur une épreuve comme celle-ci. C’est pour cela que, avec Jean-Sébastien, on a tout fait pour éviter les erreurs, afin de rapporter quelque chose en Guyane. Comme je le disais, on visait un podium en R2, mais quand on a vu que la victoire était possible, on a tout donné. Mais je voulais rester mesuré, je ne connaissais pas les routes martiniquaises, ni les pilotes martiniquais, qui évoluaient chez eux. D’ailleurs nous avons fait de belles rencontres, j’ai fait notamment connaissance avec Rudy Rodney, qui m’a invité ma femme et moi chez lui le lendemain de la course. C’était un bel échange, et on reste en contact depuis.

Quels sont vos projets pour cette année ?

Le championnat continue en Guyane, l’objectif est toujours le titre, et le prochain rallye sera fin septembre. Mais j’aimerais vraiment renouveler l’opération l’an prochain au Martinique Rallye Tour, car c’est quelque chose de magique, ou alors aux Grands Fonds, en Guadeloupe, l’avenir nous le dira.

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Emmanuel Rolland
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