Enzo Bellon : « Retrouver les sensations »

Par Emmanuel Rolland | Le 03/07/2025 | Actu | News | Sports mécaniques

Victime d’un violent accident en essai fin mai sur le circuit de Jerez, en Espagne, le jeune motard réunionnais Enzo Bellon, 16 ans, et affilié à la Fédération Française de Motocyclisme (FFM), s’apprête à retrouver la compétition ce week-end à Magny-Cours, pour la prochaine étape du championnat du monde Junior Moto3.

Enzo, question classique sur Oovango.com, d’où te vient cette passion pour la moto ?

Ma famille est fan de sport mécanique de manière générale, et je dois dire que c’est une passion qui s’est transmise de père en fils. J’ai voulu apprendre à rouler sur une moto quand j’étais tout petit, je regardais beaucoup le MotoGP à la télévision aussi. La passion de mon père est devenue la mienne.

La piste, c’était là que tu voulais aller tout de suite ?

Pas forcément, j’ai fait du motocross et du supermotard, j’ai même gagné une manche de championnat d’Europe Supermotard quand j’avais 12 ans. Mais je suis vite passé à la vitesse, c’est là que mon potentiel s’exprimait le mieux.

La Réunion, tu l’as quittée très tôt pour vivre ta passion finalement…

A 10 ans je suis déjà parti de l’île de la Réunion pour disputer un championnat sur ovales en Italie. Puis je suis parti en Espagne à l’âge de 12 ans, je suis parti en Espagne pour le championnat Moto4 (150). C’était pour la première fois des grandes pistes, j’ai découvert le monde de la vraie compétition de haut niveau. L’année suivante je suis passé en 250, toujours en Moto4.

En 2024, c’est la montée en Championnat du monde Junior, déjà.

Oui, à 15 ans j’ai rejoint un team réputé pour grimper en Junior, Espana Galicia. Et cette année je dispute le Junior GP en Moto3 avec l’équipe CIP Green Power, un team français, et j’en suis très heureux.

Comment s’est passée ta première course de l’année à Estoril ?

Le début du week-end était assez difficile, je n’ai pas eu beaucoup de roulage avec cette Moto3. Cela a commencé difficilement jeudi et vendredi, où j’ai eu du mal à bien me sentir et à trouver des réglages qui me convenaient sur ce circuit. Samedi, dans des conditions de pluie le matin, je n’étais pas forcément très à l’aise, et j’ai loupé mon passage en Q1 [deuxième phase de qualification, ndlr] pour quelques dixièmes seulement. Je suis parti 24e le dimanche sur la grille, j’ai réussi à faire une bonne course, et à me retrouver en tête du groupe des poursuivants, pour terminer finalement à la 13e place. Cela m’a permis de finir sur une bonne note, c’était important pour la confiance.

Enzo Bellon | crédit photo : DR

Puis sont venus les tests de Jerez, avec ce violent accident…

Oui, c’était des tests avant le week-end de course sur ce circuit. J’étais dans un tour rapide, j’ai abordé le virage six au bout de la longue ligne droite, et la moto a bougé aux freins. J’ai perdu l’avant, et je suis allé percuter violemment un autre pilote qui roulait au ralenti. J’ai eu une perte de connaissance, je me suis réveillé au centre médical du circuit. Au final j’ai eu une fracture d’une cervicale.

Comment as-tu vécu ces premiers jours après ton accident ?

Physiquement c’était déjà forcément dur. Je ne pouvais pas trop bouger, c’était pénible. Je m’attendais ensuite à une convalescence assez longue, mais j’ai eu de la chance, elle était assez rapide. Et mentalement c’était dur aussi bien évidemment. J’avais envie de remonter sur la moto, mais d’un autre côté j’avais cette appréhension de me demander comment j’allais me sentir lors de mon retour. Depuis la semaine dernière, j’ai repris les entraînements, et je n’ai pas ressenti d’appréhension. J’ai roulé en supermotard en Espagne pour ne pas trop solliciter les cervicales, mais ça va.

Et aujourd’hui, comment ça va, alors que tu te prépares à retrouver la compétition ?

Je recommence à prendre du plaisir, je n’ai pas forcément de gêne physique non plus. Forcément, je n’ai pas trop sollicité mon cou ces dernières semaines, et je l’ai ressenti après mes premiers roulages. Mais au niveau osseux, niveau cervicale, je n’ai pas de douleur. J’avais une légère appréhension au début, mais j’ai vite pris la confiance, et j’ai pris à nouveau plaisir.

Magny-Cours sonnera donc ton retour à la compétition ce week-end. Qu’attends-tu de cette course ?

On roule en France, à la maison, l’objectif est de reprendre encore plus confiance sur la moto, voir si je n’ai pas de douleur à haute vitesse. Et si je me sens bien, travailler à fond sur la moto et tout mettre bout à bout pour monter en puissance, et jouer la meilleure position possible. Idéalement, un top 15 ce week-end serait parfait pour se relancer, en vue des prochaines courses à Aragon.

De manière générale, sur quoi penses-tu devoir progresser ?

La satisfaction d’Estoril était le fait que j’étais vite dans le rythme, et concentré dès le premier jour. J’ai réussi à mettre du rythme dès le début, j’ai également travaillé sur moi et mon pilotage. Par rapport aux années précédentes, le frein moteur n’aide pas forcément, j’ai beaucoup travaillé sur mon frein arrière.

Pour conclure, tu parlais de MotoGP, c’est toujours ton objectif ? Et quel pilote t’inspire le plus ?

Oui, j’ai toujours le MotoGP dans le viseur. Quant au pilote, j’admire beaucoup Johann Zarco, qui est notre parrain. Il a souvent fait des roulages avec nous, il nous donne des conseils. Et moi, bien sûr, je l’observe à chaque Grand Prix.

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