Les deux-roues face aux risques persistants de la route en 2025

Depuis le début de l’année, le climat économique pèse lourd sur les choix des motards et les chiffres s’en ressentent : les ventes de motos neuves accusent une baisse de 14,7 % comparé à la même période en 2024.

Mais plutôt que de s’attarder sur cette morosité, intéressons-nous à ce qui va dans le bon sens. Car sur le bitume, quelques signaux positifs émergent…

Prévention et sécurité routière : des mesures qui font effet ?

Le marché du deux-roues connaît un sérieux coup de frein. Autant dire que les perspectives pour les mois à venir restent floues. 

Pendant ce temps, le dernier Baromètre de la Conduite Responsable, publié par la Fondation Vinci Autoroutes dresse, lui, un tableau en légère amélioration du comportement des conducteurs français. L’usage du téléphone se perd, à l’inverse des clignotants, et les distances de sécurité sont davantage respectées… des gestes simples, mais qui sauvent.

Même constat sur le périphérique parisien, pourtant régulièrement pointé du doigt pour son chaos quotidien. Selon un bilan provisoire, la limitation à 50 km/h et l’instauration d’une voie réservée ont permis de réduire certains comportements dangereux.

Un bilan stable, mais des motards toujours surreprésentés

En 2024, 3 193 personnes ont perdu la vie sur les routes françaises, soit une hausse de 0,8 % par rapport à 2023. Parmi elles, 720 utilisateurs de deux-roues motorisés, une catégorie toujours surreprésentée dans les bilans annuels.

François-Noël Buffet, ministre auprès du Ministre d’État, ministre de l’Intérieur : 

“Pour la deuxième année consécutive, nous maintenons la mortalité routière sous les 3 200 décès annuels. C’est le fruit d’un engagement collectif en faveur de la sécurité routière.”

L’ancien Ministre des Outre-mer de la France affiche un optimisme mesuré, car le risque reste structurellement élevé pour les conducteurs de deux-roues motorisés.

Les marges de progression existent, mais elles reposent aussi sur une mobilisation durable : éducation, équipements, aménagements… Autant de leviers à activer pour faire enfin baisser la part disproportionnée des motards dans les bilans annuels.

Jeunes motards en première ligne dans les DROM 

Si la situation reste plutôt stable en métropole, les départements et régions d’outre-mer (DROM) affichent une nette dégradation des indicateurs. En 2024, la mortalité y a augmenté de 4 %, avec 241 décès contre 231 en 2023. Le nombre de blessés, lui aussi, grimpe de 3 %, atteignant 4 300 personnes.

Les usagers de deux-roues y sont particulièrement vulnérables, représentant près d’un tiers des décès (83), soit presque autant que les automobilistes (94). Un déséquilibre révélateur, d’autant plus marqué quand on regarde le profil des victimes : 83 % sont des hommes, et 93 % des accidents mortels sont causés par le même genre.

Autre signal inquiétant : les 18-34 ans, après une année 2023 encourageante, voient leur mortalité repartir à la hausse. Une régression qui souligne là encore le besoin d’actions ciblées, notamment en matière de prévention et de formation.

Zéro alcool au guidon : la Grèce, exemple à suivre ?

Face à ces constats, certains pays prennent des décisions radicales. C’est le cas de la Grèce, qui vient d’adopter une mesure inédite : zéro alcool autorisé pour les conducteurs de deux-roues. Une manière de répondre à un constat implacable : les motards restent les plus exposés sur la route, et la moindre altération des réflexes coûte cher.

Cette tolérance zéro peut sembler extrême, toutefois elle rejoint un objectif partagé à l’échelle européenne : celui du « zéro mort sur la route à l’horizon 2050 ». Un objectif ambitieux, sans doute trop. Un rapport de la Cour des comptes européenne publié début 2024 souligne que le rythme actuel ne permettrait de réduire la mortalité que de 25 % d’ici 2030, bien loin des 50 % fixés initialement.

Le code de la route désormais accessible en langue des signes

S’il est encore trop tôt pour parler de transformation en profondeur, les résultats en France encouragent à croire à une cohabitation plus apaisée entre usagers.

Suivant cette logique d’apaisement et d’ouverture, la sécurité routière progresse aussi sur le terrain de l’inclusion. Dernière avancée notable dans le paysage routier français, la mise à disposition des examens théoriques (général et moto) en Langue des Signes Française (LSF). Une initiative qui permet aux candidats sourds ou malentendants de passer l’examen du code de la route dans de meilleures conditions, sans interprète ni dépendance.

Une route encore longue… mais pas sans espoir

Ainsi, les motards restent trop souvent en haut des tristes classements de la mortalité routière. Pour contrer cet effet, les initiatives se multiplient, et certains signaux laissent entrevoir des lendemains plus sûrs.

En attendant, gardons en tête que chaque sortie à moto est une invitation au plaisir et la vigilance, notre meilleur équipement.