Stéphane Gallet de Saint-Aurin : « Un travail sans fin »
Par Emmanuel Rolland | Le 23/04/2025 | Actu | News | Non classé | Sports mécaniques

Stéphane Gallet de Saint-Aurin revient sur son parcours, son engagement en rallye en Martinique et son retour à la compétition en 2025.
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Depuis ses débuts en compétition en 2013 – et un titre de champion de Martinique des rallyes au passage en 2016 -, Stéphane Gallet de Saint-Aurin est demeuré fidèle à la Toyota Corolla, que l’équipe menée par son frère Hubert peaufine sans relâche depuis des années.
D’où vient votre passion pour les sports mécaniques ?
Il ne s’agissait pas d’une passion familiale, mais plutôt personnelle, hormis le fait que j’ai débuté en compétition avec mon frère Hubert. Depuis tout jeune, c’étaient plutôt les jeux vidéo de voiture qui nous intéressaient. Dès que l’on a eu le permis, on a vu ce que c’était de rouler « en vrai », mais on n’allait pas forcément voir des rallyes. Au fur et à mesure, on a essayé de s’amuser avec les voitures que l’on avait. J’avais à cette époque une Toyota Starlet depuis mes années d’études, que j’avais très légèrement modifiée pour me faire plaisir sur la route, en tirage ou sur routes sinueuses. En 2008, j’ai acheté un moteur pour avoir un véhicule plus performant, et j’ai choisi un moteur de Corolla. La même année, la Starlet a été détruite dans un accident.
Cela ne vous a pas refroidi ?
J’ai cherché un autre véhicule, dans lequel le moteur devait rentrer facilement, car je l’avais c’est vrai acheté sur un coup de tête ! J’ai finalement acheté la Corolla début 2009, et mon frère a passé des semaines dessus en 2010 pour installer le nouveau moteur, puis nous avons repris les tirages. Finalement, nous nous sommes rapprochés de l’Association Martiniquaise des Véhicules Historiques Sportifs (AMVHS). Puis, en 2012, l’ASA Tropic a sollicité l’AMVHS pour aligner des véhicules ouvreurs sur certains rallyes. Je me suis retrouvé dans une voiture zéro, et c’est là que j’ai découvert le monde du rallye et de la course de côte.
C’était une révélation ?
Effectivement, on avait l’habitude avant ça de s’amuser entre nous sur la route, mais comme je suis plutôt prudent, on ne faisait pas les fous non plus, je gardais une « semi-prudence ». Mais là, le fait de se retrouver dans le contexte d’une compétition automobile, et d’avoir la route pour soi, cela a changé notre vision des choses. En 2013, on a décidé de mettre un arceau dans la voiture et de faire ce qu’il fallait pour faire de la compétition.
Quels souvenirs gardez-vous de 2013 et de vos premières expériences en course ?
Je me souviens que nous avions débuté à la Course de cote du Marin cette année-là. On roulait avec mon frère sur la même voiture, en double monte. Je me souviens qu’Hubert avait gagné sa classe ce jour-là. Lui et moi avons roulé en double monte jusqu’en 2015, il était parfois devant moi, parfois c’était moi. Cette année a également été marquée par un abandon au Rallye des Champions, en raison d’un problème technique.
Vous avez fait preuve par la suite d’une belle régularité…
Effectivement nous n’avons pratiquement fait ensuite que des saisons complètes. Depuis nos débuts, nous étions l’équipe avec le moins d’abandons, nous ne faisions pas trop de sorties, on restait plutôt prudents et la voiture était assez fiable. C’est grâce à cette régularité que nous avons été sacrés champions des rallyes de la Martinique en 2016 avec Marving Belizon.
2016, cela restera une année mémorable pour vous ?
Oui, surtout avec les moyens que l’on avait par rapport à la concurrence. On avait des semi-slicks pendant deux ans car on n’avait pas les moyens d’avoir des pneus de compétition. Maintenant, on dispose de pneus Michelin de compétition.
De manière générale, la Toyota Corolla a fait l’objet d’une évolution permanente au cours de toutes ces années…
Oui, au fur et à mesure, le véhicule s’est amélioré, en grande partie grâce à notre partenaire NPS (Nippon Piece Service). On a effectivement eu la même voiture jusqu’en 2019, avec longtemps la boîte d’origine, ou encore les mêmes amortisseurs combinés filetés depuis 2010. Grâce à nos partenaires, nous avons pu acheter des amortisseurs de compétition, des freins mieux dimensionnés, la voiture a régulièrement évolué. Et quand la voiture s’améliore, c’est à nous d’exploiter son potentiel, dans ce sens je m’adapte assez facilement. J’ai eu la possibilité d’effectuer un stage de pilotage en métropole fin 2018 qui m’a permis de perfectionner ma prise de notes et de commencer à appréhender quelques techniques telles le freinage dégressif ou l’utilisation du frein à main.
Est-il difficile justement de trouver des partenaires pour faire de la compétition automobile en Martinique ?
De base, nous ne sommes pas très commerciaux. On a la chance d’avoir un partenaire qui nous a suivi régulièrement, qui nous a permis de boucler des saisons, même si on mettait de notre poche. Mais nous sommes conscients qu’il faut que l’on démarche davantage, sinon ce sera compliqué sur le long terme. L’idée est ainsi de trouver un partenaire pour nous permettre de boucler cette saison, et aussi d’avoir les moyens pour améliorer ce que l’on peut, car il y a encore beaucoup de choses à faire sur la voiture.
Pour reprendre la chronologie de votre parcours, 2019 fut une année assez particulière pour vous…
Oui, car nous avons gagné notre premier rallye lors des 12 Heures de Sainte-Marie. Avec toutefois des circonstances favorables pour nous puisque le champion en titre Steeven Orosemane avait décidé de changer de voiture, mais n’avait pas encore reçu son nouveau véhicule, il s’était ainsi engagé sur l’épreuve au volant d’une 206 Groupe N. Cela nous a facilité les choses. Dans l’ensemble, 2019 a été une saison très bonne, hormis le MRT où nous avons malheureusement touché un spectateur mal placé sur une spéciale. Et puis la saison s’est terminée par un tragique accident d’un autre équipage [lors de la Ronde Régionale du Centre, ndlr], et le décès du copilote Nicolas Panzo. Sportivement, l’année était satisfaisante, émotionnellement c’était un peu compliqué.
Et la crise sanitaire a subitement tout mis en suspens.
Oui, 2020 c’était le stand-by pour tout le monde. Mais ce n’était pas plus mal car cela nous a permis de prendre le temps de développer l’autre Corolla dont nous disposions, un travail commencé en 2019. J’ai quand même eu le temps de faire une course de côte avant le confinement, puis tout s’est arrêté.
Une pause qui s’est avérée plus longue que prévu ?
On se disait que cela allait prendre un an pour refaire la voiture, mais cela a pris plus longtemps que prévu. Mon frère Hubert est parti en Métropole pour une formation, ce qui a ralenti les travaux. Le temps a passé, les années ont filé sans compétition. Fin 2023, on s’est dit qu’il était temps de reprendre, même si l’on ne finirait jamais tout ce que nous avions prévu. On s’est donc pressés pour faire rouler la voiture en 2024, même sans tout finaliser. Au final, on a reconstruit la voiture sur la même base entre 2019 et 2024, avec une caisse neuve, mais en reprenant la mécanique de l’ancienne. C’est un travail sans fin, encore en cours. C’est un peu notre force : faire avec nos moyens et concurrencer des véhicules plus récents.
2024 a ainsi marqué votre retour à la compétition…
Nous avons repris en Guadeloupe, au Rallye Régional du Nord, puis au Rallye des Grands Fonds [survolé par la légende Sébastien Loeb, ndlr]. Cela a permis de cerner les soucis de naissance sur la voiture refaite à neuf. Et l’année s’est bien terminée avec le Rallye des Champions [victoire de classe, ndlr], cela nous a permis de conclure sur une bonne note.
2025 a déjà commencé pour vous avec une belle performance lors de la course de côte du Marin. L’objectif est encore une fois de faire toute la saison de rallye et de la montagne en Martinique ?
Nous avons fini cinquième au Marin, ce qui était en effet un bon résultat derrière la grosse Polo R5 de Rodrigue Theodore, les deux barquettes de Michaël Joséphine François et Alexis Dabrovski, et la Mégane de Josué Roset qui nous précède de sept centièmes seulement ! C’était une belle satisfaction, d’autant que je me suis amélioré à chaque montée. Cette saison, l’objectif est effectivement de faire toutes les compétitions de rallye et de course de côte en Martinique, mais pas forcément de rouler en Guadeloupe cette fois car nous n’avons pas le budget.
Comment jugez-vous la santé du sport mécanique en Martinique en ce début de saison 2025 ?
Pour l’instant, nous n’avons roulé qu’au Marin. On sait tous que la première course de l’année est compliquée, car tout le monde n’est pas prêt. Nous étions une quinzaine d’engagés, ce qui n’est pas énorme, mais il y avait pas mal de nouveaux venus, ce qui est plutôt encourageant. Après discussion avec plusieurs d’entre eux, ils souhaitent tous participer à l’intégralité des courses cette année, sauf soucis mécaniques.
Cependant, organiser des épreuves devient de plus en plus difficile. C’est un exercice complexe, car il faut trouver des bénévoles, et des postes comme les commissaires sont très difficiles à recruter. Il y a donc des soucis à tous les niveaux.
Nous avons évoqué l’implication de votre frère Hubert dans les travaux sur la Toyota, mais il faut également souligner que c’est votre épouse Clarisse qui vous accompagne dans le baquet de droite depuis 2017 !
Oui, j’ai embrigadé Clarisse à l’époque, elle qui était totalement étrangère à ce sport. Au final, elle s’est révélée très compétitive, parfois même plus que moi en épreuve. Moi, je roule pour performer, mais surtout pour m’amuser. Pour elle, l’objectif est toujours la victoire, et elle est contrariée quand nous n’avons pas la voiture pour viser la gagne. Elle est souvent plus déterminée que moi, ce qui donne du punch dans les spéciales, car elle me motive ! Clarisse est ma quatrième copilote. À chaque fois, je me suis associé à des débutants dans la discipline.

En évoquant vos copilotes, difficile de ne pas évoquer Marving Belizon, disparu en début d’année dans un accident d’avion à la Dominique…
Cette année a effectivement commencé par une épreuve émotionnelle avec la disparition de Marving, mon copilote en 2015 et lors de l’année du titre en 2016. Je me dis qu’il est parti en faisant ce qu’il aimait, et c’est ce que je garde en mémoire.
La prochaine échéance arrive dès ce week-end avec le Rallye Régional de la Ville de Saint-Joseph. Comment abordez-vous cette épreuve ?
On a réparé pas mal de choses sur la Corolla, notamment l’échappement après la course de côte du Marin. En mai, nous serons au départ du Rallye de Sainte-Marie. D’ici là, nous allons encore travailler sur la voiture, car la fiabilité reste notre priorité. L’entretien est aussi essentiel. Actuellement, nous attendons nos amortisseurs, renvoyés en Métropole sans que l’atelier prévu n’ait pu les traiter. Nous pourrions reprendre ceux utilisés au Marin, mais ils sont moins adaptés aux rallyes à venir, ce qui compliquerait les choses. On est un peu stressés en ce moment, on croise les doigts et on fera de notre mieux.

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