Ilhan Chouat : « Je rêve de MotoGP »

A 15 ans seulement, le jeune Réunionnais Ilhan Chouat rêve de marcher dans les traces des plus grands. Actuellement engagé en championnat OGP NSF 250, le pilote de la Plaine des Palmistes entend bien faire sa place dans la discipline.

Ilhan Chouat | crédit photo : DR

Il n’a que 15 ans, mais Ilhan Chouat a la tête bien posée sur les épaules. Le jeune Réunionnais fait preuve d’une réelle maturité, alimentée par l’obligation d’effectuer seul ses allers/retours entre son île de la Réunion et la Métropole. « Mon père aurait aimé m’accompagner sur les circuits », a-t-il expliqué lors d’une entrevue à oOvango.com. « Mais niveau budget, c’est un peu compliqué, alors que je voyage seul. Je prends l’avion seul, et mon team manager vient me récupérer. Ce n’est pas forcément évident sans mes parents, mais c’est comme ça. »

Contrairement à bon nombre de jeunes pilotes, Ilhan Chouat n’a pas baigné dans le sport mécanique dès son plus jeune âge. Le monde de la moto étant plutôt étranger à sa famille, la passion s’est révélée tout petit, par écran interposé.

« Je regardais des vidéos de moto quand j’étais petit » continue-t-il. « Et j’ai rapidement demandé à mon père de faire du motocross. Au départ, il était un peu réticent, en raison des risques. Et puis il s’est dit un jour qu’il fallait essayer le supermotard à la Réunion : j’ai commencé à courir en monobike. »

Le virus prenait rapidement, et Ilhan Chouat, alors âgé de 12 ans, décidait de passer (déjà) à la vitesse supérieure. Et c’est par l’entremise d’un autre Réunionnais, Patrice Payet [directeur du Team Moto 974, et accessoirement père de Raphaël Payet, ndlr], acteur majeur du motocyclisme sur l’île et en métropole, qu’il a fini par franchir le pas. « En 2023, on a vu un post de Patrice Payet où il disait qu’il avait recruté un jeune Réunionnais [Lucas Boyer], et qu’il s’occupait de lui en métropole pour le faire courir en Mini GP. On a essayé de le contacter à notre tour, et cela s’est fait comme ça. »

A son tour, Ilhan Chouat prenait l’avion début 2024 et rejoignait Patrice Payet et le Team Moto 974. Il se lançait alors en championnat supermotard Mini GP sur une moto 12 pouces à moteur 25 cv. « La première course était un peu compliquée car je n’avais jamais roulé sur la moto », continue Ilhan Chouat. « Nous avions tout de suite le niveau pour jouer devant, mais nous avions une moto d’origine alors que les autres roulaient sur une moto préparée pour la course. Mais une autre équipe nous a aidé par la suite en nous fournissant des pièces et en ajustant les amortisseurs, cela a beaucoup amélioré les performances. »

A l’issue de cette première année au niveau national, la famille Chouat se questionnait sur l’avenir du jeune champion. C’est alors vers la piste que sa carrière a bifurqué. « En 2023, on s’est rapprochés d’une équipe qui avait une moto libre pour une course de championnat de France OGP [Objectif Grand Prix] sur le circuit de Pau-Arnos. Une équipe où Enzo Bellon était d’ailleurs présent. Lors de la course 1, j’étais tout de suite dans le rythme, j’étais troisième tout le long, mais je chute dans les derniers tours. J’ai dû aussi abandonner dans la seconde manche. Et ce, à cause d’un ennui technique. Mais le rythme était là, et on m’a proposé de faire le championnat de France. »

Pour 2025, Ilhan Chouat grimpe d’un échelon en disputant le championnat OGP NSF 250. Avec déjà une vision sur le plus long terme. « L’objectif est d’essayer de m’améliorer en championnat de France pour espérer passer en championnat d’Europe (ETC). Je veux essayer de chercher des podiums en championnat de France, même si c’est compliqué. »

Lors de la première étape de la saison, sur le circuit Bugatti du Mans, le pilote réunionnais se qualifie 10^e (sur 27), et termine neuvième, avant de conclure la seconde manche au huitième rang. A Lédenon, pour le deuxième meeting du calendrier, il ne fait que deux tours en qualifications avant de chuter. Il doit alors se contenter du 12^e rang sur la grille. Il remonte à la sixième place à l’issue de la première course, puis a le podium dans le viseur dans la seconde manche, avant de chuter dans les derniers tours. Deux premières courses certes frustrantes, mais plus que prometteuses.

« Ce n’était pas évident, notamment au moment des départ, car je n’avais pas beaucoup roulé avec la moto. Mais je suis surtout satisfait d’avoir à chaque fois progressé au fil du week-end. »

Ce week-end, direction Nogaro, dans le Gers, pour la troisième étape du championnat. « Je vais essayer de faire un top 4, voire un podium, mais l’objectif est surtout de continuer à m’améliorer. »

Et l’objectif ultime ? « C’est aller en MotoGP, c’est mon rêve. J’admire plusieurs pilotes, mais mes préférés sont Fabio Quartaro et Jorge Martin. Mais, avant ça, j’aimerais aussi essayer de faire les essais pour me qualifier pour la Red Bull Racing Cup [disputée en levé de rideau du MotoGP]. »

Depuis son arrivée en Métropole, Ilhan Chouat a régulièrement eu l’opportunité de bénéficier des conseils d’Enzo Bellon. Autre espoir réunionnais, âgé d’un an de plus que lui, il fait partie des pilotes les plus prometteurs du moment. La semaine dernière, Enzo Bellon a malheureusement été victime d’un accident en essais en Espagne, qui compromet la suite de son programme en Moto 3 Junior.

Ilhan Chouat et son équipe, Storm Factory | crédit photo : DR

« Enzo est un pilote très rapide », ajoute Ilhan Chouat. « Il m’a souvent donné des conseils, on roule ensemble depuis plusieurs années, il m’a aidé à m’habituer à la moto. Je le remercie, et je lui souhaite de se remettre très rapidement. Je veux aussi remercier mon équipe, Storm Factory, ainsi que mes sponsors. Mais aussi ma famille, papa et maman, mes deux frères et ma sœur, qui me soutiennent tous dans ce sport. Ce n’est pas toujours facile, et nous sommes à la recherche de partenaires pour nous soutenir dans cette aventure. »