Greg Buchholzer : « Je suis sur un nuage »

Après avoir effectué son retour à la compétition l’an passé lors du MRT, et être devenu un camarade de jeu d’un certain Sébastien Loeb rencontré aux Grands Fonds, Gregory Buchholzer passe la vitesse supérieure cette année, avec deux rendez-vous déjà pris aux Grands Fonds ce week-end, puis au MRT à nouveau, au volant d’une redoutable Citroën C3 Rally2, avec un copilote de renom en la personne de Benjamin Veillas. oOvango.com a rencontré le Guadeloupéen avant ces échéances.

Grégory, après un premier retour aux affaires sur le Martinique Rallye Tour l’an passé sur une Renault Clio R3 Maxi (12e, premier R3 avec Thibault Fournier dans le baquet de droite), comment avez-vous monté ce nouveau projet d’envergure, sur une C3 Rally2 ?

Grégory Buchholzer et Sébastien Loeb | crédit photo : DR

C’est vrai que, l’an passé, j’ai d’abord eu une belle opportunité de travailler avec Sébastien Loeb au Rallye des Grands Fonds [en tant qu’ouvreur, ndlr]. Cela m’a permis de faire sa connaissance, de disputer une course en Lamera avec lui au Castellet, et cela m’a conduit à disputer le MRT avec la Clio R3 Maxi. Le rallye s’est super bien passé dans l’absolu, considérant le fait que je découvrais la voiture, mais la voiture en elle-même n’était pas vraiment prête. On a disputé 16 spéciales, on a rencontré des problèmes dans les 16 spéciales… mais il y avait quand même des chronos intéressants.

Et cela vous a donné envie d’aller plus loin…

Oui ! Au sortir du MRT l’an passé, l’entreprise SACI, l’un de mes principaux et fidèles partenaires, a voulu passer la vitesse supérieure avec moi, et m’a demandé de monter un dossier béton pour 2025. C’est ce que j’ai fait évidemment, j’ai déposé un dossier au mois d’août l’année dernière, et la machine s’est enclenchée. Il nous manque encore un peu de financements, nous sommes à 75% de budget environ, mais cela nous a permis de faire venir la Citroën C3.

Justement cette voiture, d’où vient-elle ?

C’est une voiture préparée par l’équipe Arcauto Compétition de Christophe Magnoux, dont le frère Patrick a remporté la finale de la Coupe de France des rallyes l’an passé, avec cette même voiture ! Nous avons trouvé un accord ensemble, nous avons une super relation. Et la voiture est ici en Guadeloupe. J’ai encore du mal à le croire, mais elle est là. Et elle est belle ! On a planché sur la déco, et J Sign nous a proposé une livrée incroyable, qui met nos partenaires en évidence, surtout sur une voiture de ce calibre.

Passer en Rally2 n’est pas anodin, comment abordez-vous cette marche ?

Cela fait pas mal de temps que je fais du rallye. Comme tout pilote, on a la volonté d’aller chercher ce qui se fait de mieux. L’an passé, avec la Clio R3, les chronos étaient là, et on pense que l’on a assez d’expérience pour passer cette marche, d’être à la hauteur de ce nouveau challenge.

Est-ce que la pression est plus forte ?

Ce n’est pas forcément davantage de pression, mais c’est surtout de l’excitation. L’excitation de découvrir une quatre roues motrices, et accessoirement celle qui est la reine de l’asphalte en WRC2. Au final, je crois que j’avais même plus de pression quand j’ai couru avec Sébastien Loeb au Castellet ! Mais j’avais réussi à transformer cette pression positivement, et cela m’avait aidé à passer un cap à ce niveau. Et puis la pression, l’adrénaline, c’est un peu ce que l’on vient chercher. En vérité je suis tellement impatient de l’essayer. Elle est magnifique ! Mais après son arrivée en Guadeloupe j’ai dû attendre un peu avant d’en prendre le volant, j’avais l’impression d’être à Noël et de devoir attendre pour ouvrir mon cadeau !

C’est aussi une aventure humaine…

Effectivement, je suis content, reconnaissant d’avoir des partenaires qui me permettent de vivre une aventure comme celle-ci. Monter un tel programme en soi, c’est déjà une victoire. C’est beaucoup de travail, d’implication. Laure Piot, qui s’occupe de la communication pour SACI, a fait un énorme travail en interne. On travaille ensemble depuis plusieurs semaines, c’est top. J’ai hâte de démarrer et d’être dans le feu de l’action.

Justement, l’action, comment vous l’appréhendez avant les Grands Fonds ce week-end ?

Je suis impatient, il va y avoir une énorme concurrence, de super pilotes, de super voitures. Au-delà de me dire que je vais jouer la gagne, je suis surtout conscient du rêve que constitue piloter une telle voiture, et j’espère bien prendre autant de plaisir que ce que j’en attends.

Vous avez présenté la voiture au public, notamment dans la galerie du centre commercial Carrefour Destreland (Baie-Mahault), vous avez pu mesurer l’engouement autour de cette voiture ?

Voiture pilotée par Grégory Buchholzer exposée au Carrefour Destreland | crédit photo : DR

Oui, le retour était incroyable de la part des gens sur place, mais également sur les réseaux sociaux. J’ai posté la photo de la voiture, j’ai immédiatement eu 100’000 vues, je n’y croyais pas, c’est un truc de dingue. C’est là que tu vois l’engouement des fans, des partenaires. Même mon épouse, qui ne vient jamais sur les rallyes, sera là (rires). Piloter une telle voiture, pour un amateur comme moi, c’est le Graal, une consécration. Après plusieurs années à apprendre, à se relever. Et je suis vraiment heureux de partager ce moment-là.

Et puis, cerise sur le gâteau, vous serez épaulé par un copilote de renom en la personne de Benjamin Veillas, rien moins qu’un ancien copilote de Sébastien Ogier !

Oui alors ça c’est aussi un truc de dingue. C’est grâce à Simon Jean-Joseph, qui m’a transmis ses coordonnées. Je l’ai appelé, un peu pour la blague, et il m’a dit qu’il était partant, je n’y croyais pas. Je suis sur un nuage, je n’en retombe pas… et ça me va super bien !

Et puis vous avez une revanche à prendre sur le sort, qui ne vous a pas épargné en compétition lors de vos dernières sorties…

Absolument. Aux Grands Fonds en 2019, on était troisièmes quand on a abandonné [embrayage, ndlr]. L’an passé, on a cassé le moteur de la Clio au MRT. Et même en karting, où je me suis essayé l’an passé, j’ai fait une pole pour mes débuts dans la discipline… mais j’ai aussi cassé le moteur. Maintenant, on va dire que la règle des trois est faite, et que j’aurai plus de réussite maintenant.

Ce sera d’ailleurs votre retour en tant que coureur aux Grands Fonds, depuis 2019…

Oui, mais je connais 80% du parcours je dirais, il y a juste une ancienne spéciale qui est remise au programme. Ce sont toutes des spéciales magnifiques, nous avons de belles routes en Guadeloupe. Encore une fois, je m’engage pour signer le meilleur résultat possible, mais pas seulement. J’ai 43 ans, j’ai arrêté de penser depuis longtemps que j’allais faire carrière en rallye. Nous allons faire les Grands Fonds, le MRT, cela va être un pur bonheur, et j’ai surtout envie de faire cohésion avec tout le monde.

Pour finir, êtes-vous toujours en contact avec votre ami Sébastien Loeb ?

Ah oui, il roule tellement, il gagne tellement, il y a toujours une occasion de lui envoyer un message pour le féliciter. Je lui ai envoyé une photo de la déco de la C3, qu’il a trouvé magnifique. Il surveillera peut-être nos performances du coin de l’œil. Cette personne est une vraie inspiration pour moi.