Route de Disma : les habitants contraints de la rénover eux-mêmes !
Par Nora Godeau | Le 14/02/2022 | L'auto & vous
À Mayotte, si les communes s’occupent à peu près des routes nationales, les petites routes de quartier sont quant à elles la plupart du temps complètement laissées à l’abandon. Pour la route de Disma à Kaweni, les habitants ont dû prendre les choses en main eux-même.
-
12/11/2024
L’actu des sports mécaniques du 12 novembre
Nouveaux rebondissement en Formule 1, finale de Nascar à Phoenix,
-
11/11/2024
Voitures Électriques : Revue du marché de la Guyane – 9M 2024
Dans un marché automobile en baisse de 2.7%, les ventes de voitures
-
11/11/2024
Le charme des Outre-mer en cabriolet
Explorer les paysages des Départements et Régions d'Outre-mer en
-
08/11/2024
L’avenir de la mobilité dans les Outre-mer s’écrit aujourd’hui (3/3)
La mobilité bas-carbone des Outre-mer nécessite des solutions
« Mais c’est l’Afghanistan chez toi ! », s’est exclamé un ami de Lilia en lui rendant visite dans sa maison du quartier Disma à Kaweni (banlieue de Mamoudzou). En effet, sur cette route, le terme de « nids de poule » était bien trop faible… Des trous béants défiguraient la route à Disma tout le long, avant que les habitants ne prennent les choses en main. Il eût été préférable de parler de « nids de dinosaures » tant ils étaient profonds. Sans compter la boue qui inondait la route, dans le meilleur des cas. Ou carrément la rivière qui y coulait lors de la saison des pluies, du fait de l’absence de système d’évacuation des eaux. Accéder aux habitations situées au bout de cette route relevait donc du parcours du combattant pour un véhicule.
« Nous avons écrit plusieurs fois à la mairie pour signaler ce problème, mais notre missive est restée lettre morte », explique Lilia qui vit depuis un an dans le quartier. Kassim, qui y vit depuis 5 ans, nous a raconté pour sa part que les habitants évoquaient sans cesse la chose auprès des élus à l’occasion de leurs déplacements dans le quartier pour leurs campagnes électorales et autres opérations de communication. Toujours en vain ! « Les hommes politiques nous ont fait des promesses pendant des années, mais aucune action ne s’en est suivie ! C’était juste de belles promesses, rien de plus », s’agace-t-il.
Sommaire
Plusieurs milliers d’euros récoltés auprès des habitants la route à Disma
Lassés d’attendre une action qui ne viendrait probablement jamais, les habitants ont donc décidé de prendre les choses en main. Ils ont rénové eux-mêmes la route de Disma qui borde leurs habitations. Pour cela, ils ont demandé une cotisation auprès de tous les habitants du quartier selon leurs moyens. « Certains ne pouvaient donner que 2 ou 3 euros, d’autres sont allés jusqu’à 1000 euros », nous raconte Kassim. Lui qui a été l’un des responsables du projet. Possédant en effet certaines connaissances dans le BTP, tout comme certains de ses voisins, il a fait partie du noyau de 5 personnes qui ont managé les opérations. « Nous avons commencé il y a environ un an et nous y sommes allés par tronçons de 300 mètres environ. », explique le maître d’œuvre improvisé. « Nous avons répertorié 5 tronçons. Le coût des travaux pour chacun d’eux s’élevait à environ 3200 euros. Je vous laisse faire le calcul ! », lâche-t-il négligemment. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Nous avons sorti notre calculatrice pour nous rendre compte que les habitants avaient mis en tout 16 000 €. Une somme de leurs propres poches pour un travail dont la mairie de Mamoudzou aurait dû se charger depuis belle lurette !
Les as du système D
La route de Disma a été construite sur une base de barres de fer posées en guise de fondations, afin d’éviter que les pneus des véhicules ne s’enfoncent. Les « ouvriers » ont ensuite enduit la route d’un « béton maison » composé de sable et de ciment mêlé. Tous les habitants se sont improvisés ouvriers du BTP pour rénover leur route, munis de leurs propres outils personnels. Comme beaucoup d’habitants de Mayotte ont pour habitude de construire eux-mêmes leurs maisons, ils avaient cela en réserve. L’unique bétonneuse utilisée à quant à elle été empruntée à son patron par un élève garagiste. Pour chaque tronçon, il a fallu 80 barres de fer, 8 tonnes de ciment et 50 tonnes de sable. Un vrai travail de titan réalisé à titre privé !
Les travaux sont encore en cours pour rénover les prochains tronçons. « On attend juste les prochaines cotisations pour continuer le travail », conclut Kassim.
- Le contournement de Mamoudzou : le fantasme va-t-il enfin devenir réalité ? - 21/11/2022
- Taxis à Mayotte : une profession en pleine évolution - 20/09/2022
- Des voitures incendiées à Mayotte - 27/06/2022
Laisser un commentaire